Le PS est déjà très loin de l’idée des primaires défendue l’année dernière par Arnaud Montebourg, qui voulait confier à tous les électeurs sympathisants le soin de choisir le candidat de gauche qui sera opposé à Nicolas Sarkozy, en 2012, afin de « régler du même coup cette question du leadership qui perdure depuis la retraite de Lionel Jospin ».
Telles qu’elles s’engagent, les primaires « ouvertes » s’annoncent plus confuses et plus longues encore que les primaires « fermées » de 2006. Sur le papier, le calendrier établi par Martine Aubry et ratifié par le parti semble logique : d’abord le programme, ensuite le candidat chargé de le défendre. En pratique, cette démarche relève de la pure démagogie, teintée d’hypocrisie. À quoi bon faire voter des sympathisants entre plusieurs candidats qui défendraient un même programme ? En 2007, Ségolène Royal ne s’était pas embarrassée des propositions du parti. On l’imagine mal rentrer dans le moule en 2012. Et on n’imagine pas plus Dominique Strauss-Kahn faire sienne la liste de mesures de plus en plus radicales qui émerge des débats, depuis la fuite en avant gauchiste qui a suivi le congrès de Reims.
En gardant le calendrier actuel, soit le parti élabore un programme pour du beurre, soit il s’apprête à faire voter entre plusieurs candidats à la candidature pour du vent.
À la vérité, le calendrier a été mitonné pour l’unique confort de « DSK », afin de lui permettre de rester le plus longtemps possible à Washington, à la tête du FMI. Non pas parce qu’il serait le seul à pouvoir battre Nicolas Sarkozy — les sondages donnent des chances de victoire à trois ou quatre socialistes différents —, mais parce que c’est le mieux placé pour barrer, en interne, la route à Ségolène Royal. Le clivage principal du congrès de Reims reste d’actualité. Voici deux ans, le directeur du FMI avait envoyé ses troupes auprès de Martine Aubry pour isoler Ségolène Royal. Pour les primaires de l’année prochaine, la première secrétaire s’apprête à lui renvoyer l’ascenseur. C’est parce qu’elle a senti le piège que la madone du Poitou s’est lancée. Et c’est parce que les primaires sont planifiées pour prolonger, et non pour supprimer les manœuvres d’appareil, qu’elles sont vouées à dégénérer. Il n’y aura pas de leadership clair à leur issue… si tant est qu’elles aient lieu sous la forme promise.
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