TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mardi 7 décembre 2010

Pauvres riches

Le premier réflexe, c'est de se dire « bon débarras ».
Les conflits familiaux des ultra-riches semblent si éloignés de la réalité qu'ils apparaissent plus pathétiques encore que scandaleux. A ce niveau de fortune, la bataille juridique entre une fille et sa mère n'en apparaissait que plus obscène. Comme si Françoise rejouait indéfiniment Electre pour écarter Liliane-Clitemnestre de son horizon. Un sentiment très primaire assaillait inévitablement le spectateur de cette tragédie moderne où l'absurde le disputait, parfois, au burlesque.
Tout est bien qui finit bien avec le retrait de la plainte de l'héritière contre le favori ? Avec la réconciliation coup de théâtre au dernier acte d'une famille écartelée par le destin ? On voudrait bien le croire même si cet épilogue, après tout, nous indiffère.
Mais l'intrigue est ailleurs. Dans le mystère croisé d'une séduction irrationnelle entre une vieille dame et un artiste aussi cynique que déjanté, et celui d'une stratégie pour contrôler l'un des plus grands groupes français. Il faudra sans doute quelques semaines ou quelques mois pour comprendre comment ce dénouement a influé sur l'évolution du géant des cosmétiques. Le suisse Nestlé a-t-il oui ou non profité de ce Kriegsspiel pour faire avancer ses pions dans sa conquête française ? C'est l'inconnue de l'équation.
Bien évidemment, le pouvoir politique n'est sans doute pas resté neutre en coulisse et a sans doute mis toute son influence dans la balance pour tenir la main des scénaristes de ce feuilleton. Tant de monde avait intérêt à ce que la guerre des Bettencourt prenne fin d'une manière ou d'une autre. La procédure était si explosive qu'elle avait déjà largement gangrené le corps de l'actualité politique, faisant tomber l'un des ministres les plus emblématiques du gouvernement.
La paix de Neuilly ne suffira pas à mettre un point final à l'orage parisien qui a secoué tout l'exécutif depuis le printemps. « L'affaire » a fait remonter à la surface tous les fantasmes - réalisés ou non - sur les liens troubles entre l'argent et la politique. Il faudra plus qu'une fin à l'eau de rose pour dissiper le parfum vaguement écœurant d'une promiscuité gênante. Qu'importe, au fond, le sort de Liliane et celui de son gendre, nouveau directeur général de L'Oréal, si le pays s'interroge sur la confiscation par des milliardaires entreprenants mais peu scrupuleux d'une partie de la morale d'un pays, et de sa confiance en lui-même.
comme quoi :
L'argent aide a supporter la pauvreté.
(Alphonse Allais)

0 commentaires: