TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mardi 7 décembre 2010

Fracture sociale


tableau sombre pour les cadres. Plus encore que celles des années précédentes, leurs perspectives de rémunération pour 2011, telles que les dessine, pour « Les Echos », le groupe de formation et de conseil en management Cegos, ont de quoi alimenter leur pessimisme. Car autant les forces vives de l'entreprise pouvaient comprendre qu'en période de crise chacun se serre la ceinture, que l'individualisation, si prisée, des augmentations soit mise entre parenthèses - ce fut le prix à payer pour limiter la casse en matière d'emploi des cadres -, autant cette cure d'austérité devient difficile à supporter alors que pointent des signes de reprise de l'activité, certes bien inégaux selon les secteurs. Trois années de ce régime et toujours pas de bout du tunnel à l'horizon.


Il n'en faut pas plus pour accréditer l'idée que ce n'est pas seulement un moment difficile à traverser mais un mouvement long qui est enclenché. Après avoir longtemps choyé leurs cadres, les dirigeants découvrent, d'ailleurs, d'autres formes de motivation, non monétaires, qui, sans susciter la même dévotion à l'entreprise, ne créent pas non plus de cassure profonde, juste un détachement. Etre moins impliqué rend-il les cadres moins performants ? Pas sûr.


Même si elle est un défi pour le management des entreprises, cette diète salariale durable imposée aux cadres a surtout des conséquences sociétales. Elle est, en effet, de nature à creuser le fossé qui sépare les classes moyennes des classes supérieures de la société. Peuplées de hauts cadres, de dirigeants, d'indépendants, ces dernières auront traversé la crise sans être vraiment saisies d'un sentiment de déclin financier. Tel n'est pas le cas de ces classes moyennes dont les strates centrales ou supérieures forment les gros bataillons de l'encadrement. Une récente étude Ifop pour la Fondation pour l'innovation politique fait apparaître chez elles la conviction massive d'être prises dans une triple trajectoire de déclassement : par rapport à leurs parents, vis-à-vis de leur position d'origine et, par anticipation, de la situation future de leurs enfants.


Puisque cette angoisse si ancrée se nourrit autant d'une frustration salariale que d'un manque massif de reconnaissance sociale, le remède au mal-être des classes moyennes en général, au malaise des cadres en particulier, n'appartient pas aux seules entreprises. Sous peine de voir s'agrandir cette fracture sociale, ces Français du milieu ont vocation à être les cibles de politiques publiques (fiscales, urbaines, scolaires...) mieux ciblées.

0 commentaires: