La confusion est à son comble en Côte d'Ivoire. Sans surprise, le Conseil constitutionnel a déclaré vendredi Laurent Gbagbo vainqueur de l'élection présidentielle, avec 51% des voix. Jeudi soir l'institution, présidée par un proche du président sortant, avait invalidé le résultat proclamé par la commission électorale indépendante (CEI), qui donnait la victoire à Alassane Ouattara avec 54% des voix. Mais le Conseil a annoncé vendredi avoir «annulé» les votes dans sept départements du nord, fief de Ouattara, où selon le camp Gbagbo le scrutin avait été «frauduleux».
Maintenant que les deux candidats ont été déclarés tour à tour vainqueurs de l'élection, que va-t-il advenir du pays ? Quelques heures avant l'annonce du Conseil constitutionnel, le camp Ouattara avait haussé le ton. Alors que le candidat opposant appelait jeudi soir au «rassemblement» pour la paix, son directeur de campagne, Amadou Gon Coulibaly, a mis en garde vendredi contre un «nouveau putsch» de Laurent Gbagbo. «C'est pour ça qu'il commence à prendre des dispositions», a-t-il asséné en référence à la fermeture, jeudi soir, des frontières par l'armée. «Mais ça ne changera strictement rien. Le peuple de Côte d'Ivoire s'est exprimé, Laurent Gbagbo est battu».
Dans ce contexte, a averti le porte-parole de Ouattara, «nous ne reconnaîtrons pas les décisions du Conseil constitutionnel». Légalement, celui-ci était en droit d'annuler les résultats annoncés jeudi par la CEI, qui avait dépassé le délai légal de 72 heures. Mais l'opposition dénonce les manœuvres du camp Gbagbo, qui avait empêché lundi la proclamation des résultats. Surtout, elle accuse le président du Conseil constitutionnel, Paul Yao N'dré, d'être à la solde du président sortant. Paul Yao N'dré «sort de son rôle de juge pour porter ses habits de partisan et militant», a accusé Amadou Gon Coulibaly.
Face à un pays au bord du gouffre, la communauté internationale marche sur des œufs. Pour le moment, les puissances étrangères ont multiplié les appels au calme et à la responsabilité, en se gardant de prendre ouvertement parti. Seuls les États-Unis ont semblé entériner la victoire d'Alassane Ouattara, en appelant dès jeudi au respect des résultats de la CEI. La présidence française a affirmé qu'il appartenait «désormais au Conseil constitutionnel de proclamer les résultats définitifs dans le strict respect de la volonté clairement exprimée par le peuple ivoirien».
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