vendredi 3 décembre 2010
Sarkozy, l’évidence d’une candidature
A côté de l’emballement politique des primaires au Parti socialiste, on a assisté à un emballement médiatique concernant les intentions présidentielles de Nicolas Sarkozy. Mardi soir, le chef de l’Etat recevait des parlementaires UMP de la Droite sociale, le club du ministre des Affaires européennes, Laurent Wauquiez. Entre autres choses, il leur dit qu’il ne pourra pas faire plus de deux mandats puisque la révision constitutionnelle qu’il a fait voter en 2008 limite effectivement à deux le nombre de quinquennats consécutifs.
Un député rapporte la scène à un journaliste. Et ça devient : "Nicolas Sarkozy envisage un deuxième mandat." "Nicolas Sarkozy annonce sa candidature à la présidentielle de 2012." Et de fil en aiguille, on en tire la conclusion : les choses se précipitent au PS, donc le président accélère à son tour. C’est ça que j’appelle un emballement. Car la réalité est en fait plus simple.
Nicolas Sarkozy n’a évidemment pas annoncé sa candidature, même si celle-ci ne fait strictement aucun doute. Il a fait un constat : ce sera deux quinquennats maximum. Un constat n’est pas une annonce.
Et surtout, ce n’est pas la première fois qu’il fait le coup. C’est même une habitude chez lui, quand il reçoit des parlementaires à l’Elysée, d’évoquer la prochaine présidentielle, le plus souvent sur le mode de l’humour.
8 juillet 2009, on est juste après les élections européennes : « Au pire ou au mieux, vous en avez encore pour sept ans et demi avec moi ! » Si on compte bien, ça veut bien dire qu’il se voit à l’Elysée jusqu’en 2017. 12 mai 2010, après les régionales : « Ne croyez pas que je ne réfléchis pas à l’étape suivante. » Et puis dans le grand mercato de la majorité du mois de novembre, tous, de Jean-François Copé à François Baroin, tous martèlent qu’ils veulent travailler à l’élection de Nicolas Sarkozy. Alors il a beau dire, comme le 15 novembre dernier à la télévision, qu’il ne prendra sa décision que « quelque part à l’automne 2011 », personne n’imagine un seul instant qu’il ne sera pas à nouveau candidat. D’ailleurs, de Gaulle, Giscard, Mitterrand, Chirac, y en a-t-il un seul qui n’ait pas tenté d’être réélu ?
Pourquoi alors, ses propos sur 2012, provoquent-ils plus de remous que d’habitude ? Pour deux raisons. La première tient au camp d’en face. Le fait que le PS se soit lancé dans la bataille pour la désignation de son candidat influe sur l’ensemble du paysage politique. Mais on dit : le PS accélère, donc Sarkozy accélère. En fait c’est l’inverse. C’est parce que la droite n’a pas de doute sur son candidat que les socialistes se disent : il faudrait peut-être que nous aussi on se mette en ordre de marche.
La deuxième raison tient à la popularité toujours faible de Nicolas Sarkozy. Pour la première fois dans un sondage, paru dans "L’Express", une majorité courte de sympathisants de droite dit préférer François Fillon à l’actuel chef de l’Etat comme candidat en 2012. Du coup certaines voix, comme Jean-Pierre Raffarin, confient en privé : « S’il sent qu’il peut être battu, il n’ira pas ». Mais ces voix sont archi minoritaires. La plupart, à l’instar d’Alain Juppé, sont au contraire convaincus que, même si les sondages sont mauvais, Nicolas Sarkozy restera persuadé d’être le seul à pouvoir gagner.
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