Le coup de pied rageur de Ségolène Royal dans la fourmilière a eu le mérite d'empêcher le parti socialiste de pétrifier les primaires jusqu'à l'été prochain. Le processus de désignation s'est rouvert et n'est plus seulement le tapis rose que l'on se préparait à dérouler pour l'hésitant Dominique Strauss-Kahn. Mais à peine l'ex-candidate à la présidentielle avait-elle marqué ses points, avec un brio certain, qu'aussitôt elle les a reperdus dans une inattendue marche arrière au journal télévisé du lendemain en évoquant l'éventualité de son retrait? Sans doute, après une journée de reproches véhéments, venait-elle de se rendre compte que son coup d'éclat faisait à nouveau d'elle une femme seule et sans soutiens, quand dans l'unité elle avait réussi à redorer son blason.
Psychodrame, silences, bisbilles, les interprétations vont bon train depuis, ignorant que répondre à Ségolène Royal c'est lui donner de l'importance. Or le problème du PS ce n'est pas cette candidature pour bruyante qu'elle soit, mais bien son projet. Martine Aubry a choisi une ligne politique et fixé un calendrier, elle veut maintenant boucler le programme et organiser le vote des primaires. La première secrétaire tentera, le plus longtemps possible, de faire en sorte que le show des uns et des autres n'alimente pas la dispersion. Aboiements ou pas la caravane passe.
Le plan communication de Martine Aubry et de ses amis est à l'évidence de rester sur les axes définis à l'avance et non de répondre à ce qui se passe ailleurs. C'est une stratégie qu'ils ne laisseront modifier ni par les saillies de Ségolène Royal, ni par les petites phrases de Nicolas Sarkozy.
En poussant Martine Aubry à réagir à sa candidature, Ségolène Royal cherchait à la mettre en position de challenger. La première secrétaire n'est pas tombée dans le piège, soucieuse de se donner une image de possible présidentiable au-dessus de la quotidienneté. Pas sûr que dans ce même registre la grossière manoeuvre du pacte ait été sa meilleure idée. Bien dans son personnage de sage de la Corrèze, François Hollande tire profit de ce crêpage de leadership, en incarnant chaque jour un peu plus, et avec juste ce qu'il faut de distance, le réalisme de gauche.
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