TOUT EST DIT

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vendredi 3 décembre 2010

Vous avez dit « successeur » ?

Le risque, c'est l'invraisemblable. Et là, nous y sommes. Un responsable politique ne parle jamais de son successeur. Même à l'article de la mort. Même de façon détournée. Même avec bienveillance. C'est absolument contraire à son instinct comme à son fonctionnement. Un mot tabou, qui porte malheur. Alors quand un professionnel comme DSK le prononce, comme il l'a fait hier à New Delhi, ce ne peut être par inadvertance, comme cherchent à nous le faire croire les proches du favori des sondages, et encore moins pour chanter l'ouverture aux pays émergents de l'institution qu'il dirige, comme l'affirment ses conseillers.
Le directeur du FMI savait très bien l'effet que produirait sa petite confidence apparemment anodine mais calculée au millimètre. Et tout se passe exactement comme il l'avait prévu. La presse a mordu à l'hameçon et toute excitée par « le signe » de l'homme de Washington, elle dissèque à n'en plus finir la formulation pour en décrypter le sens. La ficelle est aussi mince qu'une corde à noeuds : trois jours après l'annonce de la candidature de Ségolène Royal aux primaires du PS, son « premier ministre idéal pour les Français » vient de rappeler qu'il n'était pas en voie de delorisation, et restait plus que jamais en course pour la magistrature suprême.
La méthode est un peu lourde, quand même, et manque curieusement de sérénité pour un homme qui survole les sondages des primaires, distançant aisément tous ses rivaux, y compris la présidente de Poitou-Charentes. Le petit jeu du chaud-froid pour gagner du temps ne trompe plus personne désormais. Les Français risqueraient de rapidement se lasser des atermoiements d'un personnage que toutes les enquêtes d'opinion donnent largement vainqueur du candidat de la droite au second tour. Avec cette question agacée : en a-t-il envie oui ou non ?
Séduisant en petit comité ou sur un plateau de télévision, DSK ne dispose cependant pas du charisme qui lui donnerait les moyens de manipuler sa popularité. A seize mois de l'échéance, sa meilleure carte jusque-là - l'absence - sera bientôt périmée. D'atout incontestable, elle pourrait même devenir un handicap. S'il doit apporter régulièrement la preuve qu'il est toujours, malgré tout, dans le paysage national, le directeur général du Fonds monétaire international finira à la longue par perdre cette autorité nonchalante et décontractée qui fait sa séduction pour une composition classique sans grand intérêt, où il est loin de donner le meilleur de lui-même. Un bon acteur, les Français en ont déjà un à l'Élysée. Ce qu'ils attendent de son futur challenger, c'est précisément qu'il soit différent avec sous le bras - mais où est-il ? - un vrai projet.


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