TOUT EST DIT

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vendredi 3 décembre 2010

Wolfgang Schäuble : «Nous avons tous les moyens de conserver la stabilité de l'euro»

Dans un entretien accordé au moment où il recevait le Grand prix de l'Economie des « Echos », le ministre des Finances allemand, confie son optimisme quant à la future gouvernance de la zone euro. Il sera dans l'intérêt bien compris des créanciers privés d'aider volontairement un pays de la zone euro en difficulté mais toujours solvable, selon Wolfgang Schäuble. Il confirme que l'Allemagne devrait afficher l'an prochain un déficit public inférieur à 3 % et souligne le rebond de la demande intérieure outre-Rhin.
Quel regard portez-vous sur l'extrême fébrilité des marchés financiers à l'égard de la zone euro ?

Nous avons en ce moment une inquiétude qui ne correspond pas à la réalité. Mais je suis convaincu qu'elle va se résorber, quand nous appliquerons de manière cohérente les mesures déjà prises. Ces réactions des marchés sont aussi liées au fait que la construction européenne est encore quelque chose de nouveau pour le reste du monde, parce que nous répartissons la compétence législative entre le niveau européen et les Etats-nations, au lieu de la réserver exclusivement à ces derniers. Mais cette démarche s'inscrit dans les efforts nécessaires à consentir, au XXIème siècle, pour trouver de nouvelles formes de prise de décision.

Le mécanisme permanent de résolution des crises de la zone euro, appelé à remplacer le schéma actuel, qui expire en 2013, vous convient-il ? N'est-il pas en deçà de ce que le gouvernement allemand souhaitait ?

Pour trouver une solution commune, on doit développer des propositions et ensuite être prêt à tomber d'accord sur un compromis. Ceux qui se basent sur tel ou tel document de travail intermédiaire pour ensuite évaluer le résultat final n'ont pas compris comment on arrive à une décision.

Dans le nouveau mécanisme, si un pays de la zone euro est certes en difficulté mais toujours considéré comme solvable, les investisseurs privés seront impliqués sur base volontaire. Est-ce crédible ?

Oui, tout à fait. Si l'analyse menée par la BCE, le FMI et la Commission européenne conclut que l'Etat en question est solvable, il est dans l'intérêt des créanciers qu'il le reste. Ce n'est pas comme si nous demandions aux créanciers quelque chose qui les desserve. Nous ne les encourageons pas à faire oeuvre de charité, nous leur montrons clairement où est leur intérêt. S'ils ne coopèrent pas, le danger grandirait que l'Etat ne soit plus solvable, et alors ils devront nécessairement participer au sauvetage.

Et quand un Etat n'est plus solvable ?

Si un Etat de la zone euro cherche assistance, on doit évidemment chercher dans chaque cas une solution adaptée. Toute autre attitude serait une absurdité. Si vous prenez les deux cas qui se sont présentés cette année, la Grèce et l'Irlande, leurs causes et leurs caractéristiques sont tellement différentes qu'un schéma pré-établi ne ferait aucun sens. On agit au cas par cas. Mais il est aussi clair que si l'analyse de la Commission, de la BCE et du FMI conclut à l'insolvabilité, alors la participation des créanciers privés, sous une forme ou une autre, doit être une composante du programme de sauvetage.

Que se passera-t-il entre 2013 et 2018, dans la période où le nombre d'obligations souveraines munies de clauses d'action collective sera encore minoritaire ?

Dimanche dernier, nous n'avons pas encore arrêté tous les détails. Il n'y avait pas de nécessité à le faire. Bien sûr, on aurait pu imaginer, c'est une réflexion que nous avons eue au sein du gouvernement allemand, attacher ces clauses plus tôt, peut-être de manière volontaire. Mais, au cours des dernières semaines, le débat sur ces clauses a été constamment mal compris, comme si nous voulions utiliser ces instruments, déjà, dans les mesures d'aides actuelles pour l'Irlande, ou même pour la Grèce. Pour éviter tout malentendu, nous avons décidé de dire que ces clauses ne seraient introduites qu'à partir de la mi-2013, de manière obligatoire.

Dans la crise irlandaise, le bas niveau du taux de l'impôt sur la société a été sérieusement mis en question. La crise de la zone euro ne montre-telle pas un besoin d'harmonisation, dans le domaine fiscal et d'autres ?

C'est une question fondamentale de politique européenne. Les peuples d'Europe, qui sont souverains, dans leur écrasante majorité ne sont pas prêts à communautariser tous les domaines de la politique. Je suis d'avis que les problèmes de l'Irlande viennent de ce qu'elle a attiré, dans les dernières années, des activités financières dans des proportions excessives, grâce à ses dispositions fiscales et une autorité de supervision perfectible. Avec des conséquences dont personne ne souffre plus aujourd'hui que l'Irlande et le peuple irlandais. Mais de l'autre côté, beaucoup de gouvernements ont souligné que la politique fiscale, y compris dans le traité de Lisbonne, est de la compétence des Etats. Ils ont insisté : cette crise ne peut pas mener à un abandon soudain des principes de compétences au sein de l'UE.

Que pensez-vous des études de certains économistes et analystes qui portent sur une scission, voire une dissolution de la zone euro ?

Tous ceux qu'on désigne comme experts ne le sont pas nécessairement. Je suis totalement convaincu que nous avons tous les moyens de conserver à l'avenir l'euro comme monnaie mondiale stable. En outre, je suis convaincu que la monnaie unique n'est pas seulement un gros atout pour les Européens. L'économie mondiale aussi, de plus en plus interdépendante, a un intérêt à une monnaie européenne forte.

Le déficit public allemand devrait repasser l'an prochain sous la barre des 3 % du PIB. Etes-vous fier de ce résultat ?

D'après les prévisions disponibles pour la croissance et l'évolution du marché du travail, nous avons en effet une chance de respecter l'an prochain la limite des 3 %. Au milieu de nombreuses critiques, venues de l'UE, du FMI, des Etats-Unis, nous avons, avec notre politique modérée de réduction des déficits, non pas ralenti, mais renforcé la croissance. Cette recette ne vaut pas nécessairement de la même manière pour tous les pays, mais pour l'Allemagne, notre politique était la bonne. Pour soutenir la demande intérieure privée en Allemagne, il faut créer la confiance en la pérennité de la politique. Nous y sommes parvenus. Les Sages pronostiquent que la contribution de la demande intérieure à notre croissance va sensiblement augmenter dans les années à venir.

La taxe sur les transactions financières est-elle toujours à l'agenda ?

Nous avons un accord à l'Ecofin pour traiter le sujet. Nous avons reçu les premières analyses de la Commission. Nous savons qu'il y a des positions divergentes. Mais dans ce domaine aussi, la France et l'Allemagne sont déterminées à avancer. Et, en matière fiscale, c'est la règle de l'unanimité qui vaut. Nous y travaillons vigoureusement et nous pensons que les arguments en faveur de la taxe sont convaincants. Eu égard à la volatilité des marchés financiers, nous avons besoin d'éléments stabilisants.

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