TOUT EST DIT

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vendredi 3 décembre 2010

La dernière ligne de défense

Face au triple risque de déflation en Europe, d'asphyxie financière de plusieurs Etats de la zone euro et d'effondrement en cascade de banques de pays dits « périphériques », la dernière ligne de défense passe par Francfort et Berlin.

Par Francfort, où la Banque centrale européenne dispose des moyens de calmer la crise, tout au moins dans ses manifestations les plus aiguës. Il ne faut pas sous-estimer la capacité du président de la BCE, Jean-Claude Trichet, à prendre des mesures exceptionnelles, à la hauteur d'enjeux tout à fait considérables puisque c'est de la survie de la zone euro qu'il est question. La BCE peut accroître ses achats d'obligations d'Etat irlandaises, portugaises ou autres, ce qui constitue en soi une menace décisive contre la spéculation. Elle peut et doit continuer à assurer la liquidité des banques des pays fragiles pour éviter la panique des populations concernées et la contagion à un grand pays comme l'Espagne. Elle pourrait enfin, si nécessaire, dans un ultime défi aux marchés, emprunter la voie ouverte par la Réserve fédérale américaine depuis plus d'un an en engageant un vaste programme de rachat d'actifs. Si cette option audacieuse est exclue aujourd'hui, elle fait partie de l'arsenal de défense de toute banque centrale condamnée à choisir entre la survie de la monnaie et le respect de l'orthodoxie.

Mais, au-delà de ces réponses au tourbillon de défiance qui menace la zone euro de désintégration, c'est Berlin qui détient la clef d'un retour au calme durable. « Nous, en tant que politiques, ne devons pas nous laisser gagner par la nervosité » des marchés financiers, déclarait hier soir à Paris le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schäuble. Noble engagement, mais qui suppose encore que l'Allemagne clarifie sa conception de la solidarité européenne, dise ce qu'elle est prête à accepter pour assurer la stabilité de cet espace commun, affirme et surtout explique à son opinion qu'il est dans son intérêt stratégique d'éviter absolument la contagion de la crise à un grand pays de la zone euro.

Depuis le début de l'année, les créanciers de la zone euro testent cette faille majeure de notre zone monétaire commune : jusqu'où les pays partageant la même monnaie seront-ils solidaires les uns des autres ? Défi d'autant plus redoutable qu'en ces temps de doute il s'arme facilement de relents populistes. Les grands d'Europe, Allemagne en tête, sauveront l'euro s'ils cessent de considérer leurs voisins comme un risque - tombera ? tombera pas ? -et se souviennent qu'ils partagent avec eux plus que l'euro, un destin commun.

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