En septembre 2009, nous posions la question suivante : après une crise financière, quels sont les risques de crise bancaire ?… et surtout, quels sont les risques de crise obligataire ?
La BCE fait plus qu’elle ne peut pour empêcher une crise obligataire de se propager en Europe et les Bunds allemands sont redevenus le “safe haven” habituel. Le bon du Trésor américain à 30 ans est retombé à 4,18 % de rendement (par rapport à 4,40 % le 15 novembre, mais il était à 3,55 % le 1er septembre). Enfin, sur ce front là, on devrait pouvoir « passer Noël au chaud ».
Quant aux risques de crise bancaire… Honnêtement, aujourd’hui nous n’en savons guère plus qu’il y a 14 mois. Alors que Bank of Ireland et Allied Irish Banks avaient passé sans encombre les tests de résistance européens en juillet dernier, cela n’a semble-t-il pas suffi, malgré les satisfecits, alors, des ministres des Finances de l’EMU. On le sait, les stress tests se sont concentrés sur les exigences en capital. Ensuite, ils n’ont porté que sur la dette souveraine figurant dans les portefeuilles de trading et non dans les portefeuilles bancaires. Selon Barclays, en appliquant à la dette souveraine du « banking book » les mêmes décotes qu’à celle du « trading book », 22 établissements, dont Allied Irish, sur 91 auraient échoué au test des 6 % de ratio tier one.
L’Irlande évoque ce matin une augmentation de la prise de participation de l’Etat dans Bank of Ireland. Cette montée de l’Etat dans le capital de la banque est évoquée dans le cadre du plan de sauvetage de 85 milliards d’euros de l’Union européenne et du FMI selon la répartition suivante : 48 milliards pour financer le déficit public durant les trois prochaines années et 15 à 20 milliards pour recapitaliser le système bancaire. En marge, 20 milliards supplémentaires seront déposés dans un fonds d’urgence. L’Etat irlandais détient actuellement 36 % de Bank of Ireland et la participation au capital pourrait être portée à 50 %... Oh my Goodness !! Oh my Guinness !!
On le voit sur les marchés ces jours-ci, le fard que représentaient ces stress tests est en train de tomber et les investisseurs - principalement non-européens - vendent autant qu’ils le peuvent tous les papiers bancaires (obligations et convertibles en action, seniors et subordonnés) des établissements de la zone périphérique.
Certaines obligations peuvent commencent à être attractives. BBVA par exemple, après son augmentation de capital de 5 milliards d’euros a désormais une structure de capital robuste (ratio de Core Tier -1 à 9 %) et n’a aucun retard dans son programme de refinancement (i.e. aucun problème de liquidité). Sa dépendance vis-à-vis de la BCE se serait même réduite ces dernières semaines (grâce, en partie, à une croissance en absolu de ses dépôts aux dépends de banques réputées plus faibles). Le risque souverain doit néanmoins freiner toute ardeur d’investissement sur les niveaux actuels (papier senior à 5,25 % de rendement, mid-swaps à plus de 300 points de base ; les papiers subordonnés T1 traitent à 9,8 %). Le flux de ventes risque d’être encore plus massif dans les semaines et mois à venir.
La crise bancaire, c’est un petit peu comme la grippe aviaire : on dépense beaucoup d’argent pour un vaccin, les autorités se veulent tantôt alarmistes, tantôt rassurantes. Mais ça revient et ça migre constamment. Avant que l’Espagne ne connaisse, hélas, des difficultés plus profondes, et avant de se jeter sur des opportunités qui optiquement seraient attractives, écoutons Don Quichotte parler à Sancho Panza : « Tel va chercher la laine qui revient tondu ».
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