TOUT EST DIT

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jeudi 25 novembre 2010

La droite progressiste


C'est une copie sans défaut majeur qu'a rendue, hier, devant les parlementaires, le Premier ministre. Dans sa déclaration de politique générale prononcée dix jours après avoir été reconduit à Matignon, François Fillon a su éviter trois des pièges dans lesquels sont si souvent tombés ses prédécesseurs. Le premier était soit de présenter un catalogue de mesures, soit de se concentrer sur un tout petit nombre de priorités, comme la prise en charge de la dépendance et la réforme de la fiscalité du patrimoine. Dans un cas, cela aurait été confondre agitation et ambition ; dans l'autre, vouer le quinquennat à la vieille désarticulation des mandats présidentiels.


Le deuxième piège était, pour celui auquel fut trop vite accolée une étiquette d'hyper-Premier ministre, d'afficher trop de distance à l'égard du président, tandis qu'il n'encourait pas le risque d'un excès d'allégeance. François Fillon a su marquer plus de tempérance sur le chantier de la dépendance, plus de prudence sur la refonte de la fiscalité. Mais, au terme de son intervention, l'impression dominante est celle d'une absence de décalage, sur l'essentiel, entre les deux têtes de l'exécutif. Le chef du gouvernement a su, enfin, se jouer d'un troisième piège, celui de l'horizon. Le danger aurait été de le situer en 2012, donnant à cette dernière année une coloration trop électoraliste ; il aurait été, aussi, de se précipiter dans l'action, donnant le sentiment de vouloir rattraper le temps perdu à s'extirper de cet accident majeur du mandat que fut la crise financière.


Cependant, s'il n'avait réussi, hier, qu'une déclaration d'école, sans vice ni vertu, François Fillon n'aurait fait la preuve que de son habileté, pas de son utilité. Or, non content de rassembler des morceaux épars du réformisme présidentiel sous l'habit de la compétitivité de l'économie, il tente de ramener dans l'orbite intellectuelle de la majorité l'idée du progrès social au moment où elle se rééchappe à gauche.


Ce progressisme de droite, François Fillon l'a appliqué hier à trois domaines. L'emploi, en opposant - notamment en direction des jeunes -au malthusianisme socialiste le développement des entreprises par la recherche et l'innnovation. L'écologie, en la vantant créatrice plutôt que punitive. La justice, en théorisant, à travers la réforme des jurys, ce resserrement si nécessaire, et depuis si longtemps souhaité par la gauche, entre le peuple et ses juges.

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