TOUT EST DIT

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jeudi 25 novembre 2010

Continuité et partage des rôles
 
Sous l'apparence d'un catalogue un brin éventé ¯ excepté le référendum d'initiative citoyenne ¯ François Fillon, ovationné par la droite, a délivré, hier, trois messages. Ils constituent la grille de lecture des dix-huit mois qui conduisent à la présidentielle.


Premièrement, le Premier ministre et avec lui le Président, sont convaincus que les Français leur seront reconnaissants d'avoir eu le courage d'engager jusqu'à la fin des réformes difficiles. Nicolas Sarkozy, d'ailleurs, se plaît à répéter que, dans l'histoire, les grandes décisions ont été contestées dans l'instant, puis appréciées avec le temps.


Deuxièmement, François Fillon estime que la continuité, qu'il incarne et théorise, et notamment la réduction des déficits, est une obligation. Adepte d'une gestion orthodoxe, il considère que le moindre relâchement serait interprété comme une faiblesse qui mêlerait la France à l'effet dominos qui ébranle la zone euro.


Troisièmement, l'argent disponible doit être mieux utilisé. Dans le domaine économique, en privilégiant l'investissement à long terme dans les domaines prometteurs et en adaptant la fiscalité aux exigences de la compétition mondiale. Dans le secteur social, en lançant la concertation sur l'emploi et sur le coûteux financement de la dépendance.


Sur le fond, on peut difficilement critiquer ses intentions et les marges de discussion qu'il offre pour chaque projet. On peut, en revanche, déplorer ¯ mais il n'a plus les moyens de faire autrement ¯ l'écart entre les annonces et les besoins d'un pays où lesinégalités sociales, environnementales, médicales, immobilières et territoriales s'aggravent.


Sur la forme, après la captation par l'UMP « canal historique » de tous les postes clés du pouvoir, les rôles sont parfaitement répartis pour partir à l'assaut de 2012.


À François Fillon, patron plus affirmé de la majorité, le Parlement à qui il doit en partie sa reconduction. À charge pour lui de calmer les agacements de Jean-Pierre Raffarin, qui prétend court-circuiter les ministères pour discuter en direct avec l'Élysée. Et de donner des gages aux centristes, ce qui sera peut-être moins difficile que prévu : courageux dans les couloirs, mais peu téméraires dans l'hémicycle, ils ont massivement voté la confiance au gouvernement.


À Jean-François Copé la charge de dynamiser le parti, de contrôler indirectement le groupe UMP, et de réparer les dégâts du remaniement. L'une de ses missions sera d'éviter un émiettement, d'offrir des responsabilités aux amis de Jean-Louis Borloo et aux libéraux privés de postes ministériels. Voire d'essayer de convaincre Villepin de débattre à l'intérieur du parti, plutôt que dans les médias. Parions qu'au moment d'attribuer les circonscriptions, bien des dissidences se calmeront.


À Nicolas Sarkozy le soin de surveiller ces deux ambitions rivales, de fixer le cap et d'affirmer le rôle de la France. Visiblement, le curseur du partage des pouvoirs bouge un peu ¯ un peu seulement ¯ l'Élysée ne voyant d'ailleurs pas d'un mauvais oeil que François Fillon s'expose davantage.


Un Premier ministre qui s'engage et prend les coups, un parti plus efficace, un Président un peu plus présidentiel : on verra vite si ça suffit à corriger les sondages et à faciliter une seconde candidature.

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