TOUT EST DIT

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dimanche 24 octobre 2010

Droites et dialectiques


Il se vit en éclaireur d’une droite décomplexée –il n’est peut-être qu’un fat politique, qui se gargarise de sa liberté de déblatérer. Christian Vanneste, député UMP du Nord, est pour l’alliance avec le Front national. Venant du contempteur de l’homosexualité, "menace pour la survie de l’humanité", on a du mal à être surpris. Mais sa sortie semble trop logique, dans un paysage de durcissement des droites, exacerbé par les conflits sociaux.
Vanneste, évidemment, ne sera pas suivi. L’alliance avec le FN, non. Faire Front, non. Mais dire Front? Parler comme lui? A Lyon, un autre député UMP, Philippe Meunier, veut expulser les "casseurs étrangers", ces "islamistes", ces "prédateurs qui n’ont pour objectif que de casser, de piller et d’agresser la population française". On dira que Vanneste est seul et que Meunier exagère. Mais quand Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur, s’en va chercher l’argument national pour réprimer des voyous émeutiers, reste-t-on dans l’anecdote?


"La France n’appartient pas aux casseurs", a lancé le ministre, sans réaliser que le choix des mots est politique: les casseurs sont en dehors de la légalité, ils ne sont pas hors la France; le suggérer, c’est évidemment suggérer le débat ethnique. Mais on dira –on trouve toujours des raisons de ne pas tiquer– que Brice Hortefeux est mal interprété, victime du politiquement correct ou de sa mauvaise image.


La question reste pourtant. Que dit, que pense la droite, au moment où elle croit pouvoir saisir une victoire? En quelques jours, par la grâce des émeutes et des blocages, Nicolas Sarkozy et les siens ont retrouvé le discours de l’ordre avec un naturel saisissant. La virilité est revenue, la stigmatisation des grévistes privilégiés et la répression des casseurs antifrançais. Le Président mène bataille, son ami Brice à ses côtés. Ils ont parlé à domicile, avec tant de satisfaction qu’on n’arrive pas à les imaginer tenant un jour une autre ligne.


On nous tente, depuis des jours, avec la promesse Borloo: le centrisme social pour la suite du quinquennat. Dans un monde séquencé proprement, l’aimable Borloo avancerait sur le terrain nettoyé par le terrible Hortefeux: la droite concéderait au peuple vaincu un dialogue, des réformes, un respect, une cohésion sociale… Mais la réalité ne se séquence pas, et toutes les violences laissent des traces.
Jean-Louis Borloo, l’homme de la rénovation urbaine et du Grenelle de l’environnement, est sincère quand il décrit le pays de ses rêves, où le dialogue social serait un fondamental et la condition même de la prospérité. Mais ce qu’il invoque ressemble si peu au moment qu’on a du mal à l’imaginer autrement que virtuel. Il y a deux lignes, deux cultures à droite. Elles s’affrontent, mais de manière feutrée, dans un combat inégal, une dialectique biaisée. Pour l’instant, la droite sociale attend le bon plaisir d’un président de combat, et le bon vouloir de la droite répressive. Et chaque jour qui passe, Hortefeux expulse Borloo de Matignon, ou ruine par avance son action, avant même qu’il n’y soit entré.

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