Pauvres jeunes! Quand ils manifestent, de sages personnes se demandent s’ils en ont l’âge. Quand ils se taisent, les politologues se demandent si la politique les intéresse encore. Quand ils défilent, on cherche qui les manipule; quand ils s’agitent, ils deviennent des casseurs. S’ils sont un peu sombres, on les soupçonne de délinquance. S’ils sont carrément noirs, un grand parfumeur dit: "Je ne sais pas si les nègres ont toujours tellement travaillé, mais enfin…"
Dur métier que la jeunesse. En France, 45 % des personnes pauvres ont moins de 25 ans. Les jeunes des "quartiers" sont deux fois plus chômeurs que les autres. Certes, des jeunes qui manifestent pour leurs retraites, c’est littéralement désespérant. Comme si à cet âge-là on n’avait pas d’autres soucis et désirs! Des études à finir, des amours à découvrir, une vie à construire, un métier à apprendre et à trouver…
Il est bien facile de gloser dans cette ligne. Mais attention, la jeunesse bascule à l’extrême gauche d’année en année; 13% s’y reconnaissent, contre 7% en 1999. L’excellent sociologue Olivier Galland ne cesse de nous prévenir. Et les ruptures entre les jeunes ne doivent pas être exagérées. Certes, "les beaux quartiers" et "les quartiers" tout courts sont un peu à part. Mais dans les lycées où la ségrégation est plus faible, les milieux et les couleurs se mélangent. Il y a une culture jeune, médiatique, métissée, mobile, envahie par la toile et Facebook.
Depuis vingt-cinq ans, génération après génération, les jeunes se coltinent les pavés et les pouvoirs. Parfois ils gagnent, car on ne sait ni les contrôler ni les encadrer. Et puis ce sont nos enfants, nos petits frères. Ceux des policiers qui maintiennent l’ordre. Attention. L’écart de revenus entre générations ne cesse de croître. Les jeunes retraités gagnent plus que les actifs de 35 ans. Le monde est jeune, la France et l’Europe vieillissent. Si nous ne savons pas rouvrir l’avenir à la jeunesse, leurs colères deviendront incontrôlables.
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