Les interrogations pèsent sur le climat social et la possibilité de poursuite de grèves ne désenfle pas. Vendredi, les syndicats appelaient à deux nouvelles journées d'action : le 28 octobre et 6 novembre, alors que la réforme des retraites était votée au Sénat dans la soirée.
« Gouvernement à l'écoute »
Selon un sondage Opinionway paru samedi dans Le Figaro, 56% des Français abondent dans son sens, considérant que les syndicats devront respecter le vote des parlementaires et arrêter le mouvement. Mais cette volonté de respect des règles démocratiques ne voile pas une donnée qui n'a pas varié depuis des semaines : les sondages publiés jusqu'à vendredi ont montré qu'une grosse majorité de Français, jusqu'aux deux-tiers, soutenaient la mobilisation contre une réforme jugée par eux « injuste ».Nicolas Sarkozy doit désormais jouer avec les marques « justice sociale » et « gouvernement à l'écoute » assure le politologue Jean-Daniel Lévy (CSA). Pour lui « c'est la dimension sociale » qu'il imprimera à son action qui pourrait lui permettre de « refédérer les Français ».
Sur le sujet de la réforme des retraites, le gouvernement a décidé d'aller vite. Il a imposé le recours au vote bloqué au Sénat, qui oblige les sénateurs à se prononcer en une seule fois sur la totalité des articles encore à débattre. Plus d'un millier d'amendements déposés pour la majorité par l'opposition ont donc été débattus en 140 heures au Sénat.
Cette réforme devrait être entérinée au plus tard mercredi par le Parlement, le gouvernement espérant que cette période de vacances de la Toussaint étouffe la grogne sociale. « Les Français ont le sentiment que le président et le gouvernement ont été autistes en refusant de prendre en compte l'avis qu'ils exprimaient dans la rue », explique encore Jean-Daniel Lévy (CSA).
« Acte II »
La période est aussi cruciale pour Nicolas Sarkozy, car il souhaite, comme il l'a annoncé depuis des mois, choisir une nouveau gouvernement, probablement un nouveau Premier ministre, et fixer avec eux une feuille de route susceptible de fédérer le plus grand nombre d'électeurs, avant l'échéance de 2012.Mais il lui faut aussi trouver le bon « timing », car remanier en pleine grogne sociale le priverait de son effet d'annonce. Jean-Pierre Raffarin (UMP) a lui aussi estimé vendredi que Nicolas Sarkozy devrait, lors du prochain remaniement, lancer « un acte II » de son quinquennat avec « un plan de relance sociale » et « essayer de rebâtir avec les syndicats une perspective ».
Car l'épreuve à savoir, cette grogne qu'elle se poursuive ou non, pourrait laisser des traces dans un électorat déjà éprouvé par une crise économique dont le pays se relève difficilement et bousculé par le style iconoclaste d'un président qui avait promis - c'était avant la crise - d'être « le président du pouvoir d'achat ».
« Le lien entre Nicolas Sarkozy et les Français s'est profondément délité. En 2007, il incarnait le changement, la rupture. Aujourd'hui, il lui faut remettre les compteurs à zéro », estime Stéphane Rozès (Conseils, analyses, perspectives).
Avec un bouclier fiscal mal compris et son lot de gros chèques rendus chaque année aux plus nantis, une affaire Bettencourt à rebondissements impliquant le ministre chargée de la réforme des retraites, Nicolas Sarkozy est perçu dans une grande partie de l'opinion publique comme le président des privilégiés. Et son impopularité persiste de sondage en sondage.
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