L’écrivain, proche de Jacques Chirac, est aussi un des interlocuteurs réguliers de Nicolas Sarkozy qu’il a accompagné, il y a quinze jours, lors de son voyage au Vatican. Extraits.
Il paie son style bretteur, batailleur, mais aussi son courage. Ses prédécesseurs, en particulier Jacques Chirac et François Mitterrand, ont voulu protéger les Français. Cela leur a donné l’illusion que nous étions et que nous serions toujours demain et après-demain dans une démocratie sociale de redistribution. Or Nicolas Sarkozy a osé dire que cette République-là ne peut plus exister dans un contexte de mondialisation. La France d’aujourd’hui ne ressemble plus du tout à la France d’il y a même dix ans. Des problèmes qui étaient latents deviennent cruciaux: les flux migratoires, la déperdition de compétitivité… Il a rompu avec l’idée hégélienne selon laquelle on travaillera de moins en moins, de moins en moins longtemps, pour gagner de plus en plus. Or les Français ne veulent pas l’admettre et le président est avant tout victime de cette pédagogie.
Le malaise est global. Toutes les catégories, depuis les lycéens jusqu’aux retraités, découvrent peu à peu que les Occidentaux sont voués à la précarité dans un monde de plus en plus incertain, de plus en plus mobile, de plus en plus évanescent. Mais ils n’ont pas envie de se l’avouer. Alors ils se sont construit un petit fétiche sur lequel ils lancent des fléchettes. Le fétiche, c’est Sarkozy. C’est irrationnel, cela confine à la pensée magique, mais il devient un bouc émissaire. On a beaucoup entendu qu’il payait les conséquences de la soirée au Fouquet’s, ou du séjour sur le yacht de Bolloré, mais le chef de l’Etat ne vit pas plus fastueusement que Mitterrand, Chirac ou Giscard d’Estaing. On a construit autour de lui l’archétype du riche absolu, qui est contre les pauvres, contre les humbles. II est d’ailleurs conscient de la focalisation sur sa personne dans ce conflit, et il trouve cela logique. On est dans l’exorcisme d’une angoisse profonde, celle de tout le corps social.
Cette mobilisation relève aussi d’un égoïsme générationnel: les jeunes ne veulent pas se soucier des vieux; les quinquas, les sexagénaires comme moi qui en ont bien profité n’ont pas envie, non plus, de travailler deux ans de plus pour payer pour la dépendance, cela concerne pourtant 2,5 millions de personnes!
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