TOUT EST DIT

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dimanche 24 octobre 2010

Retraites : la mobilisation se recentre sur le blocage de carburants

Au lendemain du vote au Sénat de la réforme des retraites, la France a encore été confrontée samedi 23 octobre à des pénuries de carburant liées à la poursuite de grèves et de blocages dans les raffineries et les dépôts de pétrole, pesant sur les départs en vacances, malgré les mesures du gouvernement. L'ouest du pays et la région parisienne étaient les plus touchées par le manque d'essense, selon les autorités. La circulation est toutefois restée relativement fluide, de nombreux vacanciers ayant manifestement renoncé à prendre la route de crainte de manquer de carburant.
Après trois semaines de débats enflammés, les sénateurs ont voté vendredi soir la réforme des retraites qui provoque depuis septembre un mouvement massif de contestation et de grèves – la plus grande crise depuis que Nicolas Sarkozy est devenu président, en mai 2007 (lire l'entretien avec la philosophe Cynthia Fleury). Le vote définitif du texte devrait avoir lieu mercredi au plus tard et le chef de l'Etat devrait remanier le gouvernement peu après, pour redynamiser son équipe à 18 mois de la présidentielle (lire toutefois à ce sujet la note de blog "Pris par l'agenda international, l'Elysée retarde le remaniement"). L'opposition socialiste a dénoncé un "passage en force" et les syndicats ont appelé à deux nouvelles journées d'action nationales, les 28 octobre et 6 novembre. Le gouvernement compte, lui, sur les vacances scolaires pour voir s'essoufler la mobilisation (lire notre analyse des perspectives pour la suite du mouvement).

DÉBAT SUR LES RÉQUISITIONS

Samedi, alors que le trafic ferroviaire s'est amélioré avec au moins huit trains à grande vitesse sur dix en France et des liaisons quasi-normales à l'international (voir le site infolignes de la SNCF pour plus de détails), la circulation sur les routes a pâti des pénuries de carburant et été ponctuellement perturbée par des manifestations d'opposants à la réforme à Auch (sud-ouest), Besançon (est) ou La Rochelle (ouest). Le ministre de l'énergie, Jean-Louis Borloo, a déclaré à la mi-journée que les "difficultés" d'approvisionnement affectaient encore six stations-services sur dix dans l'ouest de la France et un tiers en région parisienne (voir notre point sur l'état de l'approvisionnementen carburant). "On va tenir une journée et demie supplémentaire. Lundi midi, on sera à sec", a pourtant déclaré à l'AFP Christiane Gaudet, gérante d'une station d'une grande surface de Chantilly, au nord de Paris, qui ne sera ravitaillée que mardi. Dans le sud, l'est et le nord du pays, 80 % à 90 % des stations étaient toutefois alimentées normalement, selon le ministère dont les services ont parlé de "nette amélioration".

Pour faciliter la circulation, le gouvernement a déclaré prioritaire l'approvisionnement des stations-services du réseau autoroutier, incité à la mutualisation des stocks commerciaux et autorisé les poids lourds à circuler le dimanche. Pour éviter que la capitale ne soit paralysée, le pouvoir a fait intervenir les gendarmes vendredi afin de débloquer la raffinerie de Grandpuits, principale source d'alimentation en carburant de la région parisienne, après un ordre de réquisition du personnel en grève. Le tribunal administratif de Melun a suspendu cet arrêté de réquisition, au motif qu'il "portait une atteinte grave et manifestement illégale au droit de grève" en réquisitionnant "la quasi-totalité du personnel de la raffinerie". Mais un deuxième arrêté préfectoral a été diffusé samedi, réquisitionnant cette fois "le personnel strictement nécessaire", a expliqué le ministère de l'intérieur. Le président de l'Union française des industries pétrolières (UFIP), Jean-Louis Schilansky, a jugé indispensables ces réquisitions, faisant valoir que la France importe actuellement 100 000 tonnes de pétrole par jour, au lieu de 20 à 25 000 tonnes en période normale.

SONDAGES PARTAGÉS

Après des semaines d'une mobilisation sociale largement soutenue par l'opinion publique, les Français paraissent désormais partagés, ressort-il de sondages publiés samedi : 63 % d'entre eux estiment justifiée la poursuite du mouvement (selon l'IFOP pour Dimanche Ouest-France), un taux un peu moins élevé que pour les précédentes journées de mobilisation, soutenues par environ 70 % des Français. Par ailleurs, selon un sondage Opinonway pour Le Figaro, 56 % des Français considèrent que les syndicats devront arrêter le mouvement une fois la réforme définitivement adoptée, contre 43 % qui se déclarent pour la pousuite de la mobilisation.

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