Hollande est son gouvernement débutant semble avoir fait
sienne la célèbre devise Shadokienne : Quand on ne sait pas ou l’on va,
il faut y aller ! Et le plus vite possible !
Reconnaissons à Hollande un mérite : il sait s’économiser ! En tout
cas, pas besoin d’en faire trop. C’est vrai : pendant la campagne, il
n’a pas eu besoin de penser le monde, c’est-à-dire de donner sa vision
de la société, sa conception de la France et de l’Europe, son
interprétation de l’histoire et finalement, la raison pour laquelle il
voulait le pouvoir. Donc il ne nous a rien dit. Il s’est borné à se
dépeindre en anti-sarkozy. On peut penser que cette stratégie fut la
bonne puisqu’il a gagné ; on peut également en douter : entre la
déclaration de candidature du sortant et l’élection en elle-même,
l’écart n’aura cessé de se resserrer, pour finir à quelques 500 000 voix
de différence. En regard des écarts annoncés comme stratosphériques 6
mois avant (65%-35% au second tour, si Sarko parvenait à se qualifier,
ce qui restait à prouver).
Donc il a géré gentiment en bon père de famille une avance
sondagière, sans prendre de risque et finalement sans jamais vraiment
dévoiler son jeu. Il a merveilleusement louvoyé entre les intérêts
contradictoires, les points de vues divergents, les antagonismes
partisans… pour arriver à se faire élire sans un programme précis et
clair.
A-t-on compris la position du candidat-devenu-président sur le
nucléaire et la politique énergétique de la France ? On baisse la part
du nucléaire dans le mix énergétique français de 75% à 50 % à horizon
2025. OK : contre quoi, à quel coût jugé acceptable tant pour les
particuliers que pour les entreprises ?
Quelle politique pour l’emploi et la compétitivité ? Quelle stratégie
industrielle ? Comment redonner de l’air aux entreprises ? Comment
encourager l’initiative ? Quelle est sa vision de l’avenir de
l’industrie française ?
Quelle est sa vision de la construction européenne ? Quelle la place
de la France dans la construction du continent : fait-il sienne la
position allemande, absolument fédéraliste ? Propose-t-il une autre voie
?
Du point de vue de la logique économique, lui qui a été le chantre de
la croissance en Europe, comment la conçoit-il en France ? Pense-t-il
réellement que les systèmes keynésiens sont possibles ?
En ce qui concerne la réforme nécessaire d’un Etat providence en
faillite, quel cap nous a-t-il fixé ? Quelles réformes de structure pour
adapter notre modèle, à préserver, à un monde nouveau ?
Quel nouveau ( ?) pacte républicain pour les quartiers difficiles ?
Quelle politique de sécurité dans des quartiers dans une décrépitude
républicaine totale ?
L’emploi des jeunes : l’emploi subventionné alors même qu’ils sont
inefficaces au regard de ce qu’ils coûtent ? Ne peut-on pas essayer
d’inventer de nouveaux mécanismes de création d’emplois plutôt que
d’adapter sommairement les recettes du passé ( les emplois jeunes de
Jospin, 1997) ?
Pendant la campagne, la candidature de témoignage d’EELV et de la
baroque Eva Joly avait fait rire ou pleurer selon le degré de second
degré dont l’auditoire était capable. Elle avait notamment envisagé de
faire renoncer la France à son siège permanent au Conseil de Sécurité de
l’ONU au profit d’une présence européenne tournante… Hollande s’en
était alors tiré devant un auditoire de journalistes complaisants, par
une pirouette fort habile : nous recommanderons une réforme du Conseil
de Sécurité de l’ONU. Quand bien même, pourquoi pas. Mais alors
qu’attend-il pour nous donner sa vision du monde de son instance qui
sert de police lorsque les diplomaties parviennent à se mettre d’accord ?
Pourquoi ne profite-t-il pas du drame syrien pour prendre la parole à
New York, devant les représentants du monde entier, pour donner la
vision qu’a la France du monde et de ses dérèglements.
La vérité, c’est qu’il n’en est pas capable. Souvenons-nous qu’il
aura été incapable de donner une vision claire au PS alors qu’il en aura
été le chef pendant 10 ans ! A-t-il donné un cap au parti ? A-t-il
donné une épine dorsale claire, un positionnement politique précis entre
une sociale démocratie pro-européenne d’une part et d’autre part une
gauche de combat, revendicatrice et fondamentalement anticapitaliste.
Cette clarification ne s’est pas opérée dans la tête de Hollande. En
tout cas son coming out se fait encore attendre.
jeudi 30 août 2012
Quand on ne sait pas ou l’on va, il faut y aller…(épisode 1)
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