TOUT EST DIT

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jeudi 30 août 2012

Jean-Marc PPH Ayrault

On parlait de communication il ya quelques jours. On atteint le paroxysme ces jours-ci avec un Ayrault qui découvre petit à petit la pression de Matignon quand on n’a ni les épaules ni de feuille de route précise…
Notre gentil premier ministre est en train d’assurer la délicate mission de paratonnerre présidentiel ! Vous ne vouliez plus de l’hyperprésident ? Et bien nous voilà revenu au temps (béni ?) du premier ministre qui n’est pas un collaborateur du président, non non, surtout pas. Juste un fusible ! En effet, un vrai premier ministre, ça prend les coups à la place du taulier, et c’est beaucoup mieux ainsi ! Comme le fait Serge Federbusch sur Atlantico cette semaine, on peut suggérer à notre presse d’informations quelques titres qui feront très bien dans les semaines à venir: « Ayrault, pourquoi ça coince » ; « Ayrault, l’erreur de casting » ; « Ayrault peut-il rebondir ? » ; « Faut-il sauver le soldat Ayrault ? ». Où qu’il en soit, il risque de se voir très vite affublé des 3 lettres sentencieuses pour les entraineurs de foot en sursis : PPH pour Passera Pas l’Hiver.
Il faut dire que notre Premier Ministre y met du sien pour nous vendre une action gouvernementale à la hauteur des enjeux du pays, du continent et même du monde… Revue de détail des petites mesures qu’il s’évertue à nous présenter comme des « réformes audacieuses » :
1. Hausse de 25% du plafond du livret A : on est passé de 15300 € à environ 20 000 € de plafond. Quand on sait que 1,7 millions de Livrets A sont au plafond sur plus de 60 millions de livrets ouverts (moins de 3% !), on se dit que cette « réforme » structurelle et courageuse est à la hauteur des enjeux et des attentes !
2. Les Roms : quand Guéant ou Hortefeux incarnaient la nouvelle peste brune en démantelant des camps insalubres de Roms, toute la bi-pensance socialiste en a appelé à Vichy, au Vel d’Hiv’, aux heures les plus sombres de notre histoire. Valls applique exactement la même chose et est ovationné par les militants de La Rochelle avec son discours du retour à l’ordre et la sécurité Républicains ! Le méchant Sarko expulsait les Roms, le gentil Hollande les évacue seulement… Seule Audrey Pulvar signe un courageux édito dans son magazine d’adoption, une plume acérée qui rappelle au président ses colères d’hier, un violent rappel à l’ordre trempé d’acide, une charge violente qui a du faire trembler les murs de l’Elysée : « Cher François, on n’a pas voté pour ça »… C’est vrai que dans l’entre-soi germanopratin, on ne se traite pas d’apprenti nazi…
3. Les prix de l’essence : que n’allions-nous pas voir ! Le petit doigt vengeur, le candidat socialiste, une fois élu, nous montrerait que lui, il les bloquerait, les prix de l’essence. Après le monde de la finance, l’OPEP a certainement tremblé sur ses bases… Une fois en situation, il remue ciel et terre, mobilise, rencontre et discute pour aboutir à une baisse « modeste et ponctuelle » de quelques centimes par litre. L’éditorial du Monde du 29 août est sans appel : « Un coup d’épée dans l’essence ». Il est vrai que toute cette mobilisation, ces déclarations et ces réunions pour moins de 5 € d’économie par mois par automobiliste… alors même qu’il faudra éponger 300 millions de manque à gagner pour l’état. En tout cas, la Grande distribution est ravie : les patrons se pressent dans les médias pour affirmer, la main sur le cœur, qu’ils font eux aussi un geste pour le pouvoir d’achat et ils vendront le litre à prix coûtant. En offrant à Michel Edouard Leclerc une campagne de communication gratuite, le gouvernement a au moins fait un heureux !
4. Le comble de l’hypocrisie de cette rentrée passe, curieusement, sous les écrans radar des syndicats comme des journalistes : Peillon annonce pour la rentrée 2013, l’ouverture de 22000 postes au concours des professeurs. Ce qui devrait permettre, selon le ministre, de « remplacer tous les départs à la retraite ». Par définition, remplacer un professeur partant à la retraite se fait à périmètre comparable en nombre de postes. Donc on en est où sur les 60 000 postes promis ? Si on regarde la rentrée 2012, 355 postes ont été ouverts (ce qui ne veut pas dire pourvus)… et les 6000 contractuels ont disparu des statistiques ministérielles…
5. Le big Bang fiscal promis pour les 100 jours dans « le calendrier du changement » du candidat Hollande attendra septembre ; voire 2013. La seule « réforme » aura été jusque là de stigmatiser les patrons voyous qui osent gagner de l’argent du fait de leur activité… La fameuse taxe à 75%, dont vont être exonérés probablement les artistes et les sportifs. Il faut bien remercier Yannick Noah de son investissement… Hollande avait dénoncé la scandaleuse « niche Copé » ? Il vient d’inventer « l’abattement Noah »…
6. On ne parle même pas du traité européen, le fameux traité Merkozy, qu’Hollande ne manquerait pas de renégocier… S’il a obtenu un « pactounet » sur la croissance, sorte de joli packaging de fonds déjà engagés par Bruxelles, le traité se présentera devant le Parlement fin septembre sans avoir été modifié d’une virgule. Le Service Après Vente risque d’être compliqué pour notre gentil premier ministre.
Les éditorialistes comme les politologues le répètent à l’envi en cette rentrée compliquée pour le gouvernement : comment l’exécutif et sa majorité branlante (nucléaire, Europe…) vont-ils passer cet automne de tous les dangers ? Le serrage de vis lors du budget 2013 s’annonce drastique (33 milliards d’économies minimum à trouver) et un train de mesures impopulaires est inévitables. Surtout que personne ne l’a noté, mais si le budget français est irréaliste, l’Europe ne manquera pas de le refuser… Surtout si l’hypothèse de croissance est au-dessus des prévisions européennes. Cette ingérence budgétaire de l’Europe, c’est une des concessions faites à Merkel par Hollande. Mais chut, personne n’a encore rien dit sur le sujet…

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