TOUT EST DIT

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jeudi 30 août 2012

Finance et PS : Ennemi public, ami en privé

« Mon ennemi, c’est la finance ». La foule en liesse du Bourget, toute acquise à la cause de son champion, exulte. Ce 22 janvier 2012 François Hollande vient de trouver la formule magique, celle qui le propulsera sur la plus grande marche un peu plus tard. Entre temps, François Hollande aura fait une petite escale à Londres et salué le petit monde de la City. Son interview donnée à un journaliste du Guardian le 14 février 2012 restera un must en matière de reniement.

Jospin de Ré, le revenant
En pleine campagne la petite phrase « Aujourd’hui, il n’y a plus de communistes en France », fait son effet. Les rédactions parisiennes s’enflamment. Diantre, on a osé s’attaquer au tabou suprême, ce qui fait ce charme et cette spécificité bien française : une extrême gauche à deux chiffres, le tout avec la bénédiction des médias. Mélenchon fait semblant de s’offusquer trop occupé à négocier quelques strapontins, la gauche sociale-démocrate, elle, se fait discrète histoire de bien montrer que oui, bien sûr le plan quinquennal du socialisme made in France est totalement compatible avec l’économie de marché. L’affaire est entendue, François Hollande fait du François Hollande, fermez le ban. Les journalistes sont priés d’enquêter sur les liens supposés entre FN et UMP.
De cette écume, sans doute orchestrée par les spin doctors de la com d’Hollande pour rassurer l’aile centriste du parti, peu de journalistes n’ont relevé l’intégralité de cette interview surréaliste tout aussi étrange : « On pourrait dire qu’Obama et moi avons les mêmes conseillers ». A noter le conditionnel du prudent Hollande dans cette phrase. Alors prenons cette phrase comme telle et rions un peu. Imaginons un Timothy Geithner, ministre du Trésor , proche de Wall Street ou un Bern Bernake à la tête de la Fed soufflant à l’oreille de François Hollande les bienfaits des 35 heures, du retour à la retraite à 60 ans, du blocage des prix de l’essence, ou la création d’emplois d’avenir. Imaginons Paul Volcker (ancien proche de Reagan) prendre le café avec le démondialisateur Arnaud Montebourg et s’échanger quelques tuyaux pour réussir ce « redressement progressif » pour sauver notre bon vieux pays. Mouais… Passé ce moment de franche rigolade, cette phrase de Hollande traduit surtout ce sentiment de fascination/répulsion du PS avec le monde de la finance. Côté Bourget, on déteste. Côté Londres, on adore la finance. Ce grand écart permanent, c’est histoire même du PS, faite de reniements, petits arrangements, promesses, avec à la tête quelques apparatchiks qui tentent, ce qu’ils appellent « la synthèse ».
« L’économie n’a jamais été autant ouverte aux marchés que sous la gauche » nous dit également dans cet interview François Hollande. Effectivement les faits lui donnent cette fois ci raison. Ainsi lorsque Mitterrand, gourou d’Hollande évoque « l’argent qui corrompt, l’argent qui tue » avec sa cohorte de nationalisations –et de chômeurs !- on passe de l’ « ombre à la lumière » en l’espace de peu de temps. Apparaissent des noms aussi exotiques que le Matif (marché des instruments financiers), le Monep (marché des options sur actions de certificats de dépôts). L’heure est à la mise en place des instruments de spéculation financière… C’est l’ère Bérégovoy, un ouvrier propulsé aux manettes du CAC 40. Le story telling à la française est en marche. Le PS fasciné par l’ivresse yuppie, découvre les PEA, les niches fiscales, de jeunes entrepreneurs nouveaux golden boy et coqueluches des médias comme l’affairiste Bernard Tapie. Mais le « camps du bien », s’il est fasciné par le gain rapide en privé, s’affiche plutôt en public dégoûté par ce même gain…. Bérégovoy contre Mitterrand. Mélenchon contre Hollande. Caïn contre Abel.
On ne saurait trop multiplier les exemples d’un PS contorsionniste. L’actualité de ces derniers temps en regorge. C’est le double discours sur le nucléaire, la sécurité, l’Europe. C’est l’affaire des roms, de la mâche aux truffes de chez Laurent (150 euros l’entrée) pour Hollande, qui vient juste de terminer à la tribune sa diatribe contre les riches et le Fouquet’s… Avec un aplomb et une hypocrisie sans borne, le PS navigue au gré des courants, avec à la clé une sanction du peuple toujours déçu au final car berné (Jopsin en est la meilleure illustration).
Mais s’il y a bien un domaine qui s’accommode finalement bien de ces contorsions socialistes, c’est la finance. Contrairement à une idée reçue, les ennemis désignés de François Hollande semblent plutôt cléments envers leur bourreau. Une étude comparative menée par un chercheur de 1871 à 2008 montre que la gauche est plutôt bonne pour la bourse. La plus-value moyenne de l’indice boursier constatée sous un gouvernement de gauche est de +4,12% contre -0,50 % sous un gouvernement de droite. Des bourreaux finalement sympas et des ennemis très conciliants. Le tout en privé, of course…

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