Hollande est son gouvernement débutant semble avoir fait
sienne la célèbre devise Shadokienne : Quand on ne sait pas ou l’on va,
il faut y aller ! Et le plus vite possible !
Et le pire, c’est que cela commence à se voir :
1. Une quinzaine de parlementaires de la Gauche Durable ont écrit à
Hollande pour lui demander « sa vision du futur de l’Europe afin de
créer l’adhésion ». Alors que se profile au Parlement la ratification du
traité Merkozy (non retouché) d’une part et un « pactounet » sur la
croissance d’autre part, ces élus s’interrogent sur la voix de la France
en Europe : quelle vision, quel but, quelle direction donnée à la
direction européenne. (Le point, le 27 août.) « Les Français et beaucoup
d’Européens espèrent encore plus de vous et de la France »,
écrivent-ils. « Ces citoyens veulent surtout que se dessine une
perspective durable pour l’Europe et pour la France dans l’Europe. Ils
veulent savoir quelle vision du futur inspire chaque étape, pour
comprendre le moment présent. » Notre président des bisous, comme il
s’est défini lors d’un déplacement dans une école primaire début juin,
en est-il capable ?
2. Avec l’exercice du pouvoir apparaissent les premières
compromissions : la délicate question des campements de Roms en est
l’illustration. La police évacuent quelques camps en plein cœur de
l’été, appliquant ainsi les décisions de justice, justice qui a
nécessairement été saisie par les collectivités concernées, à commencer
par Lille… A noter d’ailleurs que Sarkozy expulsait mais Hollande
évacue… Ce dernier, en campagne, s’était engagé à donner une solution
aux évacués. Ce n’est pas le cas, mais personne ne le relève. Non,
surtout, on ne comprend pas bien quelle est la position de l’exécutif :
on expulse et dans le même temps on ouvre (un peu) le marché du travail.
Quand on sait qu’en France, il faut avoir une adresse fixe pour
travailler (Urssaf, paie…), c’est d’une formidable hypocrisie.
3. Le nucléaire resurgit dans la période euphorique post université
d’été du PS ! Le flamboyant Montebourg a eu le malheur de déclarer sur
Europe 1 que le nucléaire restait un secteur d’excellence française et
donc d’avenir, propos confirmé par le décidément provocateur Manuel
Valls, et voilà pas moins de 5 élus EELV qui réagissent en vociférant,
s’interrogeant pour certains d’entre eux sur la validité de l’accord de
gouvernement passé à l’automne 2011 avec le PS. Là encore, quelle est la
ligne défendue par le gouvernement ? Même interrogation chez Greenpeace
: « Les déclarations d’Arnaud Montebourg renforcent la cacophonie du
gouvernement sur la question de l’énergie », déclare Karine Gavand,
chargée des questions politiques à Greenpeace, dans un communiqué. Pour
elle, « cette situation est malheureusement typique de la méthode
Hollande initiée pendant la campagne présidentielle: ménager les
opinions des uns et des autres sans qu’aucun choix clair ni stratégique
ne soit pris ». Greenpeace relève encore que « ces dernières semaines,
les ministres du gouvernement Ayrault ont pris successivement la parole
sur les sujets énergétiques, affirmant tout et son contraire, sans
qu’aucune ligne politique claire ne puisse être identifiée et en
ajoutant de la confusion à la répartition des rôles et des
portefeuilles ».
4. En termes de politique étrangère, c’est le flou le plus total et
finalement le moins artistique possible ! Devant la X° conférence des
ambassadeurs, il avait l’occasion de donner une vision claire de la
ligne diplomatique française. Encore une occasion ratée ! La Syrie ? «
il n’y a pas de solution politique en Syrie sans le départ d’Assad »,
répète-t-il depuis des semaines. Imaginons Churchill en 1940 déclarer : «
Il n’y aura pas de solution en Allemagne sans le départ de Hitler »…
Sans commentaires. Il prône le renforcement des institutions
européennes. Ok, dans le quel sens ? Quelles institutions ? Plus de
fédéralisme, à l’Allemande ? Ou bien plus de pouvoir aux Conseils par
rapport à la Commission ? Mystère… Quant au projet Israélien d’attaque
de l’Iran, il a eu ce diagnostique aiguisé : la plus grave des menaces
«tient au risque de la prolifération nucléaire et de ses conséquences»
ainsi qu’aux «réactions légitimes préventives qu’elle peut provoquer,
menaçant directement la paix». Ok, et son point de vue ?
Les exemples sont nombreux. Et ils sont alarmants. Parce que ce
gouvernement navigue à vue tellement la ligne de conduite est celle
d’une gestion à la petite semaine. Hollande et ses mousses sont sur un
bateau qui prend l’eau de toute part et chacun se félicite de la rustine
qu’il vient de coller ici alors qu’un de ses collègues se précipite sur
une nouvelle voie d’eau. En fait, à défaut de savoir penser le monde,
Hollande est condamné à en subir les dérèglements. Il est terrible de
voir que toute l’action du gouvernement n’est en fait que réaction !
1. Les symboles des premiers jours tels que la baisse de la
rémunération de l’exécutif ou le plafonnement des loyers, autant de
gages de « bon socialisme » pour siphonner les voix de Mélenchon.
Réaction à une gauche de la gauche présente, disséminée entre le courant
Hamon au PS, les durs d’EELV, le Front de gauche.
2. Le détricottage de certaines réformes emblématiques de Sarkozy,
telle la loi TEPA qui donnait réellement plus au 9 millions de salariés
qui faisaient des heures supplémentaires. Réaction au Sarkozysme
triomphant, peut être la seule mesure qu’il aurait fallu garder, tant
elle a validé le célèbre « travailler plus pour gagner plus » pour les
catégories les plus basses du salariat.
3. La baisse de 1 ou 2 centimes sur le litre d’essence ? Complètement
sans effet sur le portefeuille des français, mais à conséquence néfaste
sur le budget de l’état. Réaction aux prix du brut qui augmente du fait
des risques d’une attaque d’Israel sur l’Iran…
4. Le gel des loyers à la relocation ? Mesure prise pour un an
(quelle idée saugrenue : soit l’idée est bonne, on l’applique ; soit
elle ne sert à rien, on ne le fait pas…). Réaction au logement cher,
principalement à Paris, qui obligea même la députée Delphine Batho a
occuper un HLM (108 M2 loué 30% moins cher que le prix du marché) alors
même qu’elle émargeait à plus de 13000 euros bruts mensuels…
Lorsqu’on est incapable de penser le monde, on ne peut pas l’adapter,
le façonner, le construire. Ainsi le couple Hollande Ayrault semble
condamné à subir les soubresauts d’une mondialisation non maitrisée et
dont il n’a fondamentalement rien compris des enjeux. Et les français de
subir les atermoiements d’un exécutif inquiétant d’inexpérience et
effarant par son absence de vision. Les français voulaient un chef qui
indique une direction ? Ils ont un petit gestionnaire qui réagit plus
qu’il n’agit, essayant de maitriser les affaires courantes en père de
famille ni très courageux ni très prévoyant. Ils voulaient qu’on leur
donne une direction ? Le président pointe la lune sans qu’on comprenne
bien ce que cela signifie, son premier Ministre regarde le doigt…
Plus que 1800 jours…
jeudi 30 août 2012
Quand on ne sait pas ou l’on va, il faut y aller…(épisode 2)
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