TOUT EST DIT

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jeudi 30 août 2012

Pourquoi Hollande baisse-t-il dans les sondages ?

Trois mois et demi après son investiture, le chef de l'Etat voit sa popularité chuter. Un phénomène sans surprise pour certains, une tendance inquiétante pour d'autres alors que la crise s'aggrave.

A l'Elysée, on ne se cache plus derrière son petit doigt : la rentrée pour le président se fait bien sur fond de baisse de popularité, rapide par son ampleur. D'ailleurs, depuis plusieurs jours, c'est un sujet d'attention pour les conseillers de François Hollande. Onze points perdus entre la fin juillet et la fin août, selon le baromètre Ipsos pour Le Point paru lundi : la cote de popularité a fondu comme assez rarement sous la Vème République. "On se doute bien que demander aux Français ce qu'ils pensent de l'action d'un président en vacances peut lui être défavorable", relativise auprès de l'AFP Gaël Sliman, de l'institut BVA. Pour autant, souligne-t-il, cette cote de popularité est "plus faible que celles de tous ses prédécesseurs" à situations comparables. Nicolas Sarkozy n'était passé sous la barre des 50 % de confiance que début 2008, selon l'institut CSA.

Même analyse dans la bouche de plusieurs dirigeants PS. "L'été, le président ne s'exprime pas. Il y a toujours un creux mais il va maintenant faire de la pédagogie, et sa cote va remonter", veut croire un député socialiste chevronné. L'été serait-il donc responsable de ce début de défiance ? Non, l'explication est trop courte. Et d'ailleurs les amis de François Hollande n'y croient pas.  

« Dire la vérité »
L'autre explication, selon le patron de l'institut BVA, tient à la crise durable : "rarement un candidat n'aura aussi peu promis et François Hollande était parti ainsi de très bas" dans les enquêtes d'opinion. Il est vrai que sans socle de confiance construit par l'élection, un chef de l'Etat élu en temps de crise n'a pas de matelas de popularité ou d'adhésion solide en cas de difficultés ou de ratages de communication. Et c'est bien l'explication de la crise qui s'aggrave, sur le plan économique et social, que retient François Hollande lui-même pour expliquer sa baisse de popularité.

Directement interrogé jeudi en Espagne sur ce problème, le chef de l'Etat a eu cette réponse : "quand la croissance n'est pas au rendez-vous, quand il y a des efforts qui sont demandés, quand il y a de l'inquiétude, quand il y a des prix qui ne sont pas maîtrisés, il y a forcément un doute qui s'installe dans les opinions publiques". Et de poursuivre en se fixant un objectif : "Mon rôle, c'est de pouvoir dire la vérité sur la situation, sur la crise : elle est grave ». » Il faudra plus de 100 jours pour réparer 10 ans d'une politique qui a beaucoup dégradé la situation de la France", a affirmé pour sa part lundi Jean-Marc Ayrault, demandant à être jugé sur la durée, et récusant qu'il faille "changer de braquet". Mais mercredi, Laurent Fabius a suggéré à l'exécutif de "faire de la pédagogie" pour accompagner ses réformes. "On a engagé des changements mais ça met du temps, donc il peut y avoir effectivement une certaine déception", a-t-il admis.

« Passer la démultipliée à l'automne »
Est-ce le signe d'une prise de conscience de l'urgence face à la gravité de la rentrée ? François Hollande interviendra à la télévision le 9 septembre sur TF1, au 20h de Claire Chazal. « Je l'ai dit en haut lieu : les Français ont besoin d'un récit, de ce que l'on va faire, marche après marche. Ils se moquent des querelles de chiffres techniques », confie un député aubryste. Et d'ajouter : « Sarkozy dégageait en permanence de la force là où François veut apaiser, c'est une perception qui peut avoir des conséquences en termes d'opinion ».

Pour expliquer le désamour, Gaël Sliman (BVA) pointe les "marqueurs" négatifs qui se sont attachés à la personne du chef de l'Etat : l'affaire du tweet de Valérie Trierweiler ou les accusations d'"attentisme" dans la crise syrienne proférées par l'UMP. "Tous ces marqueurs pourraient le rattraper et lui porter préjudice à l'automne, quand les Français voudront un président qui réagisse efficacement et rapidement à des problèmes économiques et sociaux qui se poseront plus durement encore à ce moment-là", avertit le sondeur. La tendance peut encore s'inverser, note toutefois le politologue. "On a vu des équipes qui n'étaient pas très populaires progresser, comme Lionel Jospin en 1997" pendant la cohabitation avec Jacques Chirac, se souvient-il. Mais alors la situation économique n'était pas aussi dégradée. Jérôme Fourquet (Ifop) est sur la même ligne. "Le prix des carburants et le chômage record vont continuer d'empoisonner la vie du gouvernement qui va devoir passer la surmultipliée à l'automne", prévient-il

Car le fond de la question est bien là : les Français pensent-ils que le nouveau gouvernement peut réussir face à l'accumulation de mauvaises nouvelles ?  N'y a-t-il pas dans l'inconscient collectif le sentiment que le politique, quel qu'il soit, n'a plus tellement prise sur le cours de la mondialisation qui s'accélère ? Le temps de l'action politique est au long cours alors que la crise industrielle française et le chômage qui en découle nécessiterait des mesures rapides, et acceptées par l'opinion. A l'Elysée, on considère que le « retard » pris par le temps de la concertation avec les partenaires sociaux est un levier indispensable pour que les réformes de structure ne soient pas source de blocages de la société française. Le sentiment d'inaction est peut-être alors un prix à payer. Et l'impopularité qui l'accompagne aussi.

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