Il faut remercier M. Zapatero, au nom de l'Europe. Il a comblé un vide. On peut comprendre que la France, qui avait salué la "progression de l'espace des libertés" dans la Tunisie de Ben Ali, n'ait pas été la première à célébrer sur place l'ère nouvelle qui s'annonce sur la rive sud de la Méditerranée.
Dès la mi-février, la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, avait, c'est vrai, fait le voyage de Tunis pour assurer l'appui de l'Union au nouveau régime. Mais, sans vouloir jouer les esprits chagrins, le sentiment qui domine est tout de même celui d'une Europe peinant à être au rendez-vous d'une histoire majeure, et qui la concerne au premier chef – parce qu'elle se passe à sa frontière sud.
Ce n'est pas que l'Union ait mal fait en se préoccupant prioritairement d'un possible afflux massif de réfugiés à ses portes. Elle a raison. C'est une question effectivement prioritaire pour des pays comme l'Espagne, l'Italie et la France. Dans les conditions de contrainte budgétaire qui sont celles de la plupart des pays de l'UE, qui peut dire que la période est propice à l'accueil de milliers de migrants ?
M. Zapatero a annoncé le déblocage d'une enveloppe de 300 millions d'euros, par le biais des crédits de la Banque européenne d'investissement (BEI), au profit de la Tunisie. Pour aider les pays arabes qui font le pari de la démocratie, il propose de mobiliser le secteur privé.
Comme le président français, il suggère de redonner vie au projet d'Union pour la Méditerranée (UPM). Lancé en juillet 2008 par Nicolas Sarkozy, ce programme d'intensification des échanges entre l'Europe et sa rive sud n'a jamais décollé. Attendu cette semaine au Caire – bonne nouvelle -, Alain Juppé, le nouveau ministre des Affaires étrangères, veut, lui aussi, reprendre le dossier.
Tout cela est bien. Mais on eût souhaité, de la part de l'Europe, l'affichage d'un effort de solidarité politique à la hauteur de l'événement. On attend un geste qui marque la communauté de destin entre l'Europe et cet Orient si proche. On attend les mots qui diront que l'UE, pour être fidèle à ce qui la constitue, ne peut être indifférente à la nature des régimes qui l'entourent. Elle ne saurait donner des leçons ni ignorer tel ou tel pays. Mais, dans ses relations extérieures, il doit y avoir une "clause de la nation la plus favorisée" au profit des Etats les plus respectueux des droits de l'homme.
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