TOUT EST DIT

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vendredi 4 mars 2011

Le casse-tête du projet socialiste pour 2012

Martine Aubry dévoile, dans un ouvrage collectif publié hier, les grands axes du projet présidentiel du PS, qui fait actuellement l'objet d'intenses discussions en interne.
Le PS est attendu au tournant. Et il le sait. Davantage peut-être que les cantonales, la prochaine grande date pour les socialistes sera le 5 avril. C'est à cette date que le bureau national du parti devra se prononcer sur le texte du projet pour 2012. Cette synthèse des conventions thématiques et des forums qui se sont succédé depuis un an (économie, sécurité, international, éducation, santé...) sera soumise à un conseil national le 9 avril, puis au vote des militants le 19 mai. Avant d‘être formellement adoptée lors d'une « convention des conventions » le 28 mai. Le fabiusien Guillaume Bachelay, qui en est le rapporteur, aidé par plusieurs responsables du parti comme Alexis Dalem et Alain Bergounioux, « met en cohérence » actuellement l'ensemble de la « production » socialiste. L'objectif étant de parvenir à un document de 50 pages.

Guillaume Bachelay a présenté, début février, le « cadrage » du projet devant le conseil politique du PS, qui réunit les ténors du parti autour de Martine Aubry. Trois axes en ont émergé : le redressement économique (création d'emplois, restauration des comptes publics, « montée en puissance de l'appareil productif »), le « changement » ( « retour de la justice » en matière de fiscalité, de logement, de santé, d'éducation...) et le « rassemblement » au sein d'une France « réconciliée ». Des grandes lignes, plutôt consensuelles, que la maire de Lille évoque dans la préface d'un essai collectif publié hier (lire ci-dessous).
« Ne pas être trop explicite »

Mais, comme souvent, le diable est dans les détails. Quel sera le niveau de précision du texte ? « Il faut qu'il soit cohérent mais pas contraignant, estime un des lieutenants de Dominique Strauss-Kahn. Il doit, par avance, être compatible avec le programme du futur candidat. Mieux vaut donc ne pas être trop explicite. » Etre trop précis, ce serait « s'exposer aux attaques de la droite et mettre à jour des divergences », renchérit un autre dirigeant socialiste.

Guillaume Bachelay se veut rassurant : « C e projet n'est pas le programme de notre futur candidat, rédigé jusqu'aux décrets d'application ! » Et Martine Aubry a confié, en parallèle, à Laurent Fabius le soin de préparer un plan de travail gouvernemental pour la première année du prochain quinquennat si la gauche l'emporte en 2012. L'ancien Premier ministre « fera en sorte que le texte soit DSK-compatible ! » assure un élu strauss-kahnien. « Ce n'est pas le projet de la droite du parti contre la gauche du parti ! assure le porte-parole du PS, Benoît Hamon. Fiscalité, santé, éducation nationale, libre-échange : il y a un accord général sur la plupart des sujets. Le débat porte davantage sur le rythme des réformes. »
« Répartir la pénurie »

La question du « chiffrage » des mesures n'est pas réglée non plus. Le projet sera-t-il précisément chiffré pour de ne pas rassembler à un catalogue de promesses ? C'était la principale critique faite, notamment par François Hollande, Pierre Moscovici et Manuel Valls, à la « convention sur l'égalité réelle », qui s'est déroulée en fin d'année dernière. « Il y aura des chiffres ! assure Benoît Hamon. Mais de quelle situation hériterons-nous en 2012 ? Nous n'en savons rien. Le projet du PS ne se résume pas à "l'austérité autrement" ! Il ne laissera pas croire qu'une seule politique économique est possible et que, la différence entre la droite et nous, ce serait seulement le dosage ! »

Une réunion de « chiffrage » s'est déroulée la semaine dernière. « La contrainte économique est très forte, assure l'un des participants. Comment relancer l'économie ? Comment redistribuer les revenus ? Il doit y avoir un minimum de politique keynésienne. Les arbitrages ne sont pas rendus. Chiffrer, c'est difficile, car il faut répartir la pénurie. » Guillaume Bachelay doit, en fait, réussir la gageure de rédiger un texte suffisamment précis pour ne pas prêter le flanc à la critique, et assez flou cependant pour ne pas contraindre le futur candidat.

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