TOUT EST DIT

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vendredi 4 mars 2011

Les mésaventures d’Astérix

Ce bouclier-là a plus exposé son chef aux périls des batailles politiques qu’il ne l’en a protégé. Nicolas Sarkozy l’avait imaginé comme une arme décisive contre la désertion des entrepreneurs vers la Suisse, la Belgique ou ailleurs. Il l’avait pensé comme un fétiche de l’argent décomplexé, un symbole de la liberté d’entreprendre, l’emblème d’une France nouvelle ou la réussite ne serait plus un gros mot. Les gagnants, les très-très riches, ne trembleraient plus à l’idée de devoir «travailler plus de la moitié de l’année pour l’État» (autre variante : «travailler un jour sur deux pour les impôts»).

Très vite, dès l’été 2007, la France montra qu’elle n’adhérait pas à cette logique qui bouleversait sa conception de l’égalité fiscale. Elle n’était pas prête à faire une croix sur l’idée, simple, d’une solidarité nationale, effectivement exigeante pour les revenus les plus hauts. Mais le chef de l’Élysée, sûr de l’efficacité de son fameux bouclier sur le dynamisme de la France d’après, considéra qu’il devait s’y accrocher vaille que vaille, fût-ce contre une large majorité de l’opinion . Il devait tenir, dût-il contrarier le peuple : c’était pour son bien...

Avec la crise, le bouclier devint carrément un boulet. Mais pas question de s’en débarrasser : c’eût été renoncer à un dogme de son quinquennat. Rompre avec la rupture. Céder au classicisme d’une France qui avait toujours délibérément préféré être moins attractive pour les moins fortunés mais rester en paix avec sa conscience sociale.

Seul contre tous, et notamment contre les députés de sa propre majorité UMP, Nicolas Sarkozy a presque tenu jusqu’au bout. La perspective d’une présidentielle beaucoup plus difficile que prévu, et surtout les efforts demandés au pays pour combler une dette abyssale, le fait changer d’avis à quatorze mois seulement de l’échéance.

L’Élysée s’est finalement résigné à remiser le bouclier magique aux effets durablement maléfiques sur les sondages. Le voilà affublé d’une définition révisée a minima : tout compte fait ce n’était qu’une mauvaise solution à un mauvais impôt, celui-là même qu’on pensait indestructible: l’impôt sur la fortune.

Comme un arbitre de football, épris d’un sentiment de culpabilité après avoir sifflé une faute, Bercy s’apprête donc à compenser la suppression du bouclier par celle de l’ISF ou, au minimum, par une modification conséquente. Avec le même risque, au final, de mécontenter tout le monde.

Exempter les «victimes» du relèvement des prix de l’immobilier d’une fiscalité disproportionnée pour se concentrer sur les revenus de la fortune est sans doute une démarche pertinente. Elle n’empêchera pas de considérer cette disposition, si elle était choisie, comme une largesse à l’égard des possédants, incongrue dans ces temps difficiles.

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