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mardi 8 mars 2011

Libye : Kadhafi propose de négocier son départ, les insurgés refusent

Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a proposé aux insurgés de réunir le Congrès général du peuple, qui fait office de parlement, pour qu'il puisse se retirer avec des garanties, a annoncé lundi 7 mars au soir la chaîne Al Jazira. L'offre, qui a été présentée au conseil intérimaire mis sur pied par l'opposition à Benghazi, a été immédiatement rejetée par les insurgés.
Dans la journée, les forces libyennes loyalistes, engagées dans une contre-offensive dans le golfe de Syrte, ont mené des attaques aériennes contre le port pétrolier de Ras Lanouf alors que les efforts s'accélèrent pour tenter de soulager le sort des populations civiles et endiguer leur exode.
  • Les combats se poursuivent à Ras Lanouf
Trois raids aériens ont visé lundi le port pétrolier stratégique de Ras Lanouf pris vendredi par l'insurrection, où des insurgés ont répliqué avec de l'artillerie anti-aérienne. Une voiture transportant six membres d'une même famille a été touchée lors d'une frappe. Le véhicule, un pick-up, avait les pare-brise cassés et des taches de sang souillaient l'intérieur de l'habitacle, ont rapporté des témoins. Dès l'aube, des habitants avaient fui la ville située à 300 km au sud-ouest de Benghazi, par crainte des combats qui avaient déjà chassé les insurgés de Ben Djaouad, à une quarantaine de kilomètres plus à l'ouest.

A Misrata, troisième ville du pays, tenue par l'opposition à 150 km à l'est de Tripoli, les combats dimanche ont fait 21 morts, dont un garçon de 2 ans et demi, et plus de 90 blessés, selon un médecin précisant que l'immense majorité des victimes étaient des civils. Les forces pro-Kadhafi ont attaqué la ville à l'arme lourde pendant toute la journée, a raconté le médecin. "Ils ont tiré sur des civils et des bâtiments. Les rebelles ont riposté et réussi à pousser les forces de Kadhafi hors de la ville", a-t-il ajouté.
Les insurgés ont également repoussé ce week-end plusieurs assauts contre Zaouïa, à 50 km à l'ouest de Tripoli, où il n'est plus possible d'établir un contact direct. Un groupe d'opposants libyens en exil en Suisse, la Libya Human Rights Solidarity, a déclaré que les forces gouvernementales avaient de nouveau attaqué la ville lundi.
  • Un million de réfugiés et déplacés
Joint par téléphone à 18 heures, Cécile Hennion, envoyée spéciale du Monde à Benghazi, parle d'un front très mouvant, où la situation évolue de minute en minute. Tout au long de la journée, des centaines de voitures sont parties de Benghazi vers le front avec des volontaires faiblement armés et quasiment pas entraînés.

D'après les Nations unies, plus d'un million de personnes ayant fui la Libye ou prises au piège dans les violences à l'intérieur du territoire ont besoin d'une aide d'urgence. La première urgence pour les secours est d'accéder à Misrata, a déclaré à Genève Valérie Amos, qui dirige le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA). "Des gens sont en train de mourir". Selon un habitant, les blessés sont soignés à même le sol de l'hôpital de la ville qui manque de médicaments et de personnel.

Plus de 191 000 personnes ont fui à ce jour les violences et environ 10 000 personnes déplacées se dirigent vers la frontière égyptienne, selon l'ONU.


  • L'OTAN examine des options militaires
Sur le terrain diplomatique, l'ONU a chargé l'ancien ministre jordanien des affaires étrangères Abdel Ilah Khatib d'entreprendre des "consultations urgentes" avec le gouvernement libyen sur la crise humanitaire provoquée par les combats contre l'insurrection qui secoue le pays depuis trois semaines.
A Washington, le président des Etats-Unis, Barack Obama, a prévenu les collaborateurs du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi qu'ils devraient rendre des comptes sur les violences. Il a déclaré que l'OTAN examinait des options militaires mais la Russie s'est prononcée contre toute intervention étrangère en Libye.

Le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a estimé que les attaques contre des civils en Libye pouvaient être considérées comme des crimes contre l'humanité et que la communauté internationale ne pourrait pas rester passive si elles se poursuivaient. Il a cependant répété que l'OTAN n'avait "pas l'intention d'intervenir" sans mandat de l'ONU.
L'Italie, elle, a annoncé avoir établi des contacts "discrets" avec le Conseil national de l'opposition. En revanche, une "équipe diplomatique britannique" venue établir des contacts à Benghazi a dû quitter le pays après avoir été arrêtée et détenue plusieurs jours par l'opposition, qui lui a reproché d'être entrée dans le pays "de manière non officielle et sans aucun accord préalable".
  • Un projet de résolution en cours de rédaction à l'ONU
Les diplomates français et britanniques travaillent sur un projet de résolution des Nations unies établissant une zone d'exclusion aérienne et veulent le présenter dans la semaine, a indiqué un diplomate onusien.
La Ligue arabe, qui a exclu la Libye de ses instances face à la répression du soulèvement, est également favorable à une zone d'exclusion tout en rejetant une intervention militaire. Une position que partagent les monarchies arabes du Golfe.
  • La Libye accuse Paris, Londres et Washington de "conspirer" contre le régime
Plus isolé que jamais sur la scène internationale, le colonel Kadhafi a accusé la France d'"ingérence" dans les affaires intérieures libyennes après le soutien apporté par Paris au Conseil national mis en place par l'opposition à Benghazi, deuxième ville du pays, pour préparer la transition.
"Il est clair que la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis prennent maintenant contact avec ceux qui ont fait défection (et sont passés dans l'opposition) dans l'Est libyen", a déclaré le chef de la diplomatie libyenne, Moussa Koussa. "Cela veut dire qu'il y a une conspiration pour diviser la Libye".

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