TOUT EST DIT

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mardi 8 mars 2011

Autant en emporte le temps

Il arrive que la lumière la plus éclatante soit infiniment triste. Celle des projecteurs de la forêt de caméras du Palais de Justice de Paris, hier, était à la fois crue et cruelle. Froide et assassine. Et cette atmosphère de curée médiatique autour de cette première «historique» que constituerait la comparution d’un ex-président de la République devant un tribunal correctionnel... Écœurante. Obscène.

On serait tenté de faire l’impasse sur le procès de Jacques Chirac. Après tout, à quoi bon s’acharner sur cet homme de 78 ans, manifestement fatigué et qui, de toutes façons, n’est plus tout à fait le même, si on en croit les confidences de ses amis? Qui n’est plus le maire de Paris qu’il était au moment des faits qui lui sont reprochés et qui a été, depuis, président de la République française pendant douze ans. C’était il y a longtemps, si longtemps, trop longtemps sûrement... Et même son successeur à l’Hôtel de Ville, le socialiste Bertrand Delanoë, a décidé de passer l’éponge. La ville de Paris, qui a été indemnisée par l’UMP, n’est même pas partie civile, alors...

Toutes les bonnes raisons seraient réunies pour que la justice soit mise entre parenthèses et pourtant la justice doit passer. Sereinement. Simplement. Mais résolument. Parce que la France est un état de droit où personne ne peut s’affranchir de la loi, pas même le premier des Français. Jacques Chirac, d’ailleurs, affirme lui-même, par la voix de ses avocats, ne pas souhaiter être exonéré de cette épreuve.

De manœuvres dilatoires en délais légitimes imposés par le statut pénal particulier prévu par la constitution pour un chef de l’État en exercice - qui a étiré d’autant la procédure judiciaire - le temps ne change rien à l’affaire, en effet. Ni n’efface rien. La faute est constituée et ces emplois fictifs - pratiquement reconnus par le prévenu - sont emblématiques de pratiques politiques courantes qui doivent être dénoncées, poursuivies et sanctionnées. Si elles sont désormais traquées, elles perdurent sous des formes plus subtiles, masquées et, le plus souvent, parfaitement légales. Raison de plus pour qu’elles ne bénéficient d’aucune immunité de fait.

Peu importe que la Question prioritaire de Constitutionnalité (QPC) retarde ou non l’ouverture de ce procès. Six mois de plus, au fond, cela n’a pas tant d’importance, maintenant. Jacques Chirac doit être jugé avec tous les égards, évidemment, pour sa personne et tout le respect pour ce qu’il représente toujours dans le pays dont il a conduit la destinée pendant deux mandats. Peu importe qu’il soit présent ou non au Palais de Justice. Peu importe qu’il puisse répondre ou non à toutes les questions qui lui seront posées. La France et, Jacques Chirac lui-même, ne peuvent sortir que grandis, l’une et l’autre, par le courage d’affronter la justice. Pour notre démocratie, ce sera un témoignage de maturité et de modernité. Une preuve de dignité.

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