TOUT EST DIT

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mardi 8 mars 2011

La République et les mosquées

L'UMP annonce un débat sur la laïcité. L'opposition traduit « débat sur l'islam » et crie à la manoeuvre électoraliste, le malaise gagne la majorité : le mot « laïcité » est devenu explosif. Que pourrait dire un homme politique de bonne foi pour désamorcer la bombe ?

Il renoncerait, pour commencer, aux faux-fuyants et reconnaîtrait que c'est bien à propos de l'islam que se pose la question de la laïcité. Après les mesures sur le voile et la burqa, un des sujets les plus brûlants, aujourd'hui, est celui de la construction de mosquées et de son financement. Article 2 de la loi de 1905 : « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. » Certes, mais n'oublions pas que la plupart des églises, cathédrales et temples construits avant 1905, propriétés de l'Etat et des communes, ont été mis gratuitement à la disposition des autorités religieuses. Les religions les plus anciennement implantées bénéficient de cet héritage immobilier, dont elles n'ont pas, de plus, à assurer le gros entretien. C'est une entorse à la séparation financière entre l'Eglise et l'Etat, dont ne profite pas le culte musulman.

On rétorquera que le passé est le passé et que financer aujourd'hui la construction de mosquées, c'est rouvrir une brèche dangereuse dans notre « conception républicaine de la laïcité ». Mais jusqu'où faut-il pousser la rigueur des principes ? Le prix Nobel d'économie Amartya Sen distingue deux conceptions de la société juste : celle qui découle d'un « contrat social » implicite, définissant a priori les institutions idéales (c'est la lignée de Rousseau et de Kant) ; et celle qui s'édifie de façon empirique, à travers des choix aussi consensuels que possible, parce que la justice parfaite est un horizon lointain et mouvant et que l'important, en attendant, est de corriger les « injustices manifestement réparables ». Le financement public des mosquées n'est pas un problème anodin. Mais le présenter comme une violation radicale du pacte républicain, c'est prendre le risque de susciter des réactions... bien peu républicaines.

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