TOUT EST DIT

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mardi 8 mars 2011

Devant la menace du FN, les critiques s'abattent sur la stratégie de Sarkozy

Le sondage controversé qui place Marine Le Pen en tête des intentions de vote au premier tour provoque des critiques de plus en plus fortes dans le camp de Nicolas Sarkozy. En jeu : sa stratégie de riposte sur des thèmes chers au Front national, concrétisée en ce moment par le débat sur l'islam et la laïcité. Les opposants à cette ligne se font entendre : les centristes, mais certains aussi dans la frange la plus à droite de la majorité, notamment le député du Nord Christian Vanneste.

Ces critiques demandent une inflexion de ligne à Nicolas Sarkozy et cherchent à le placer devant un dilemme : se poser en rassembleur en insistant sur des thèmes plus économiques, sociaux, ou bien continuer à prôner des débats plus "identitaires", pour cliver, comme le résumait récemment le politologue Stéphane Rozès.
Chez un membre de la Droite populaire. "La laïcité n'est pas un débat prioritaire", a répété lundi l'UMP Christian Vanneste. L'élu, joint par Marianne2.fr, craint que l’UMP "marche sur le fil du rasoir" : "A force de poser la question du halal dans les cantines, du voile à l’école [Christian Vanneste a voté contre la loi interdisant le port du voile à l’école en 2004], nous risquons de finir par paraître anti-musulmans."
Cette critique est significative, car elle vient d'un membre de la Droite populaire, club d'élus créé durant l'été autour de Thierry Mariani. Ce dernier, désormais secrétaire d'Etat aux transports, continuait récemment de défendre le débat sur l'islam, sur Le Post.fr. Il a créé la Droite populaire sur une ligne : revenir aux "fondamentaux" pour répondre au FN .
Certes, Christian Vanneste insiste pour que Nicolas Sarkozy insiste sur les thèmes de la sécurité et de l'immigration, outre celui du chômage. Mais sa position montre que la ligne prônée récemment par le chef de l'Etat est critiquée même à la droite de son camp. En témoigne également les réserves de Christian Estrosi, le maire de Nice, un autre tenant de la ligne sécuritaire.
Moins à droite dans la majorité. On trouve des reproches encore plus francs : "Ce sondage me fait peur", a lancé le député UMP Bernard Debré, sur France Info : "Nous sommes en train de chasser sur les terres du Front national, et ça profite au Front national pour une raison relativement simple, c'est que nous n'allons jamais au bout de nos débats", a-t-il regretté, affirmant que les initiatives UMP sur "l'islam, sur l'identité nationale, sur la laïcité", n'étaient pas comprises.
Chez un ancien villepiniste rallié à Sarkozy. Les voix discordantes ne demandent pas ouvertement que Nicolas Sarkozy soit remplacé par un autre candidat à droite. Mais certains demandent un changement de ligne, une forme de recentrage. La voix de Bruno Le Maire, ancien villepiniste désormais figure montante de la majorité, est intéressante : "Nous devons ménager Dominique [de Villepin], tenir compte de ses critiques, être capable de reprendre ses propositions", explique au Parisien celui qui est désormais en charge du projet du candidat pour 2012.
Alors que Dominique de Villepin vient d'être reçu à l'Elysée pour la seconde fois en quelques semaines, son ancien soutien précise qu'il refuse "catégoriquement de monter les Français les uns contre les autres".
Chez un centriste, membre du gouvernement. Plus discrets pendant un temps, à l'image de l'ancien ministre Jean-Louis Borloo, certains centristes se permettent de nouvelles sorties. Interrogé par RTL, Maurice Leroy prend certes le soin d'épargner Nicolas Sarkozy, qui selon lui ne court pas après le Front national. Mais il ajoute : "C'est arrivé que ça se passe à l'UMP." Une façon de cibler le parti désormais dirigé par Jean-François Copé. "Prenons garde à ceux qui, par panique, veulent faire une course à l'échalote", ajoute-t-il, car les gens préfèrent "l'original à la copie".
Opposé au débat sur l'islam, comme à celui sur l'identité nationale, le ministre de la ville précise : "Je pensais que nous prenions des risques. Les sondages me donnent plutôt raison." Au même moment, des députés centristes s'opposent à un amendement symbolique de la nouvelle loi sur l'immigration : la déchéance de nationalité pour les naturalisés qui auraient tué un policier ou un gendarme.

Désormais, Nicolas Sarkozy doit choisir une réponse. Il pourrait notamment être tenté de donner des gages à Jean-Louis Borloo, pour éviter qu'il se présente en 2012, ainsi qu'à Dominique de Villepin. Le premier se plait à faire savoir qu'il est plus indépendant que jamais et estime que le meilleur moyen pour Sarkozy de gagner en 2012 reste d'avoir une pluralité de lignes, donc de candidatures.
De fait, le débat s'organise davantage au sein de la majorité, que dans une opposition avec la gauche. Villepin, lui, est crédité de 5 à 7 % d'intentions de vote dans les fameux sondages favorables à Marine Le Pen. Ce qui fait dire à Jean-François Copé que la droite devance toujours sur le PS... Un calcul purement arithmétique. Le patron de l'UMP, qui a continué de défendre le débat sur l'islam et la laïcité malgré quelques nuances, devra lui aussi peut-être voir s'il continue sur la même ligne.

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