Seul un sujet ne sera pas au menu des discussions : la fragilité des banques. Les responsables politiques européens donnent l’impression que cette crise est depuis longtemps une affaire d’Etat, notamment de ceux de la périphérie de la zone euro, comme la Grèce, le Portugal et l’Irlande.
Mais cela n'est pas juste. Cette question concerne aussi les banques, y compris les banques allemandes. Souvenons-nous du sauvetage de l’Irlande à l’automne dernier. L’Europe a forcé l’Irlande à se placer sous sa protection. Pourquoi ? Parce qu’à l’époque, la chancelière allemande soutenait que sauver l’Irlande, c’était sauver l’euro : "Pour maintenir la position de force de l’euro, nous devons supprimer toute faiblesse".
La crise est revenue là où elle avait commencé
"Une des raisons pour lesquelles on n’a toujours pas osé restructurer la dette en Grèce ou en Irlande, c’est que le secteur bancaire ne serait pas assez solide pour amortir ces pertes", explique Clemens Fuest, spécialiste des finances basé à Oxford. L’Europe a décidé que les citoyens paieraient la facture et que les banques s’en tireraient sans dommage. Des dettes privées deviennent ainsi des dettes publiques. Et quand les Etats ne suffiront plus, d’autres viendront à la rescousse. Les Etats riches sauvent les Etats pauvres avec de l’argent que leur prêtent leurs banques. Un cycle (monétaire) qui coûte cher.
Si tout ce système fonctionne, c’est uniquement parce que les banques sont devenues incroyablement puissantes par rapport aux Etats. "En Irlande, le sauvetage de l’Anglo Irish Bank a coûté l’équivalent de 20% du PIB annuel à lui seul", explique Fuest. En Espagne, des doutes planent sur quantités de crédits des caisses d’épargne. En effet, les biens immobiliers, que ces crédits ont servi à financer, voient leur valeur s’effondrer. "Personne ne sait combien cela va coûter, indique Fuest, mais on redoute que ces sommes représentent entre 5 et 40% du PIB annuel".
Quant à la situation des banques allemandes, c’est probablement l’un des secrets les mieux gardés. Les préparatifs en vue de nouveaux "stress tests" ont commencé le 4 mars. Ces tests sont censés refléter les risques pesant sur les banques partout où survient une situation aussi dramatique. Qu'ils soient mis en œuvre avec suffisamment de rigueur ne serait pas une mauvaise idée. "Des tests précis montreraient que bon nombre de banques ont encore du ménage à faire dans leurs actifs", explique Hans-Werner Sinn, chef de l’Institut de recherche économique (IFO Institut) de Munich.
Que se passe-t-il si un pays fait faillite ?
Les banques n’ont toutefois aucun intérêt à accepter des tests contraignants et elles pèsent sur leur organisation. Elles peuvent se livrer au chantage : si les tests sont trop sévères, bon nombre d’entre elles y échoueront. Les épargnants retireront leur argent, les banques feront faillite et les Etats devront venir à leur aide.C'est pourquoi, de toute apparence, un scénario ne sera pas pris en compte par les tests : que se passe-t-il si un pays européen se déclare vraiment en faillite ? Quoi qu’il en soit, les Irlandais veulent renégocier leur plan de sauvetage. "En acceptant l’aide européenne, l’Irlande a endossé une responsabilité pour le compte de l’Europe. C’est pourquoi les autres pays membres devraient à présent lui proposer un taux d’intérêt réduit", affirme Edgar Morgenroth, économiste irlandais.
Les Irlandais ont sauvé vos banques. A vous maintenant de vous en montrer reconnaissants.
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