TOUT EST DIT

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mardi 8 mars 2011

Banques ? Quelles banques ?

Les dirigeants européens doivent se réunir le 11 mars pour discuter des plans de sauvetage pour les économies en difficultés et du pacte de compétitivité censé éviter de futures crises de l'euro. Mais ils continuent d'ignorer le problème qui est au coeur de cette crise : la fragilité des banques européennes. 

Mars devrait être le mois des décisions. Les dirigeants européens ont déjà trois sommets prévus. Le premier aura lieu vendredi 11 à Bruxelles. Angela Merkel, Nicolas Sarkozy et leurs homologues des 15 autres pays membres de la zone euro veulent surmonter la crise. On y parlera de l’augmentation des fonds européens à destination des pays fragilisés ainsi que des règles budgétaires que les Etats devront désormais appliquer. Sans oublier le thème favori d’Angela Merkel, le pacte de compétitivité.
Seul un sujet ne sera pas au menu des discussions : la fragilité des banques. Les responsables politiques européens donnent l’impression que cette crise est depuis longtemps une affaire d’Etat, notamment de ceux de la périphérie de la zone euro, comme la Grèce, le Portugal et l’Irlande.
Mais cela n'est pas juste. Cette question concerne aussi les banques, y compris les banques allemandes. Souvenons-nous du sauvetage de l’Irlande à l’automne dernier. L’Europe a forcé l’Irlande à se placer sous sa protection. Pourquoi ? Parce qu’à l’époque, la chancelière allemande soutenait que sauver l’Irlande, c’était sauver l’euro : "Pour maintenir la position de force de l’euro, nous devons supprimer toute faiblesse".

La crise est revenue là où elle avait commencé

Une explication plus plausible circule cependant chez les économistes : le gouvernement irlandais a songé à refuser l’aide de l’Europe et voulu déclarer l’insolvabilité de ses banques, alors au bord de l’abîme. Cela aurait porté un coup aux créanciers des banques irlandaises qui auraient alors dû renoncer à une partie de leur argent. Les banques allemandes auraient été frappées de plein fouet. Il n’est donc pas surprenant que cette idée a suscité un violent rejet au Conseil européen, notamment de la part de l’Allemagne. 
La crise est revenue là où elle avait commencé : les banques. Jusqu'à présent, on partait de l'idée que la crise financière s'était transformée en crise économique mondiale, puis en crise de la dette et de la monnaie. Aujourd’hui, on voit qu’au cœur de la crise de l’euro se trouve une double crise bancaire : dans des pays comme l’Irlande, ce sont les banques qui ont permis à l’Etat de s’endetter dans des proportions aussi vertigineuses. Quant à la faiblesse des banques dans des pays comme l’Allemagne, elle permet aux créanciers de l’Etat de ne pas participer au remboursement des dettes comme ils le devraient.
"Une des raisons pour lesquelles on n’a toujours pas osé restructurer la dette en Grèce ou en Irlande, c’est que le secteur bancaire ne serait pas assez solide pour amortir ces pertes", explique Clemens Fuest, spécialiste des finances basé à Oxford. L’Europe a décidé que les citoyens paieraient la facture et que les banques s’en tireraient sans dommage. Des dettes privées deviennent ainsi des dettes publiques. Et quand les Etats ne suffiront plus, d’autres viendront à la rescousse. Les Etats riches sauvent les Etats pauvres avec de l’argent que leur prêtent leurs banques. Un cycle (monétaire) qui coûte cher.
Les banques sont devenues incroyablement puissantes

Si tout ce système fonctionne, c’est uniquement parce que les banques sont devenues incroyablement puissantes par rapport aux Etats. "En Irlande, le sauvetage de l’Anglo Irish Bank a coûté l’équivalent de 20% du PIB annuel à lui seul", explique Fuest. En Espagne, des doutes planent sur quantités de crédits des caisses d’épargne. En effet, les biens immobiliers, que ces crédits ont servi à financer, voient leur valeur s’effondrer. "Personne ne sait combien cela va coûter, indique Fuest, mais on redoute que ces sommes représentent entre 5 et 40% du PIB annuel".
Quant à la situation des banques allemandes, c’est probablement l’un des secrets les mieux gardés. Les préparatifs en vue de nouveaux "stress tests" ont commencé le 4 mars. Ces tests sont censés refléter les risques pesant sur les banques partout où survient une situation aussi dramatique. Qu'ils soient mis en œuvre avec suffisamment de rigueur ne serait pas une mauvaise idée. "Des tests précis montreraient que bon nombre de banques ont encore du ménage à faire dans leurs actifs", explique Hans-Werner Sinn, chef de l’Institut de recherche économique (IFO Institut) de Munich.

Que se passe-t-il si un pays fait faillite ?

Les banques n’ont toutefois aucun intérêt à accepter des tests contraignants et elles pèsent sur leur organisation. Elles peuvent se livrer au chantage : si les tests sont trop sévères, bon nombre d’entre elles y échoueront. Les épargnants retireront leur argent, les banques feront faillite et les Etats devront venir à leur aide.
C'est pourquoi, de toute apparence, un scénario ne sera pas pris en compte par les tests : que se passe-t-il si un pays européen se déclare vraiment en faillite ? Quoi qu’il en soit, les Irlandais veulent renégocier leur plan de sauvetage. "En acceptant l’aide européenne, l’Irlande a endossé une responsabilité pour le compte de l’Europe. C’est pourquoi les autres pays membres devraient à présent lui proposer un taux d’intérêt réduit", affirme Edgar Morgenroth, économiste irlandais.
Les Irlandais ont sauvé vos banques. A vous maintenant de vous en montrer reconnaissants.


Vu de Pologne

Gauche et droite européenne s'affrontent sur le pacte de compétitivité

Pour Dziennik Gazeta Prawna, il s'agit ni plus ni moins que d'une "révolte européenne contre l'Allemagne" : la controverse que le pacte de compétitivité promu par la chancelière Angela Merkel et le président Nicolas Sarkozy a suscitée chez les conservateurs et les socialistes européens illustre "les difficultés que le duo franco-allemand à obtenir un soutien suffisant en sa faveur".  
Tant le Parti populaire européen (PPE, centre-droit), dont les dirigeants se sont réunis à Helsinki le 4 mars, que le Parti socialiste européen (dont les dirigeants ont débattu simultanément à Athènes) émettent de sérieuses objections. Les premiers ont déclaré qu'ils n’autoriseraient jamais une "germanisation" des économies des Etats membres, alors que les seconds ont menacé de faire blocage à Bruxelles lors du Conseil européen du 11 mars.
A la place des mesures d'austérité demandées par le pacte de compétitivité, le Premier ministre grec Georges Papandréou, s'exprimant au nom des neuf dirigeants de gauche de l'UE, a proposé l'introduction d'une taxe de 0,05% sur les transactions financières et d’accroître les dépenses publiques de 10,9% au cours des cinq prochaines années, ce qui pourrait créer jusqu'à 8 millions d'emplois. Face à cette très forte opposition, "la dilution d'au moins certaines des dispositions du pacte semble inévitable", conclut Dziennik Gazeta Prawna.

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