TOUT EST DIT

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mardi 8 février 2011

Eléphant blanc


Dès l'intitulé, le ver était dans le fruit. « L'arme anti-Google » : ainsi parlait-on, à l'époque, de Quaero, le moteur de recherche européen. C'était en 2006. Cinq ans plus tard, ce projet à 200 millions d'euros a plutôt pris l'allure d'un « éléphant blanc », un mirage comme seule la technostructure de l'innovation française sait en produire. Conçu dans un accès de pompidolisme industriel dont notre pays est coutumier depuis la disparition de son inspirateur, dont on célèbre cette semaine le centenaire, Quaero souffre incontestablement des stigmates de sa naissance. Annoncé en 2006, dans la foulée de la fameuse Agence de l'innovation industrielle voulue par Jean-Louis Beffa, l'ex-patron de Saint-Gobain, et mise en place par Jacques Chirac, alors à l'Elysée, Quaero est le fruit d'une pensée aussi implacable que verticale qui, si on la résume, tient en une phrase : en France, seuls les grands groupe sont capables de donner l'impulsion en matière de recherche. Libres à eux, ensuite, d'offrir leur sillage aux PME qui voudront bien s'y engouffrer. C'est ainsi que naquit Quaero confié à Thomson, devenu Technicolor, qui coordonne encore le programme. Bien malin qui peut prédire aujourd'hui ce qu'il adviendra de cette belle architecture pyramidale qui réunit 300 chercheurs et à laquelle participent pas moins d'une trentaine de structures organisées autour de cinq projets applicatifs. C'est le propre de ce genre de structure que de générer sa propre inertie, laquelle finit par devenir sa meilleure protection. Quant au fait de savoir si les résultats obtenus sont à la hauteur des moyens engagés, c'est une autre affaire. Pour l'heure, gardons à Quaero le bénéfice du doute. Et n'y voyons que l'avatar d'une période semble-t-il révolue. Depuis sa fusion avec Oséo en 2008, l'Agence pour l'innovation industrielle a sombré, emportant avec elle cette idée surannée d'une R&D dirigée par quelques grands paquebots industriels donneurs d'ordre. Les succès d'un Microsoft, d'un Google, d'un Apple ou, plus récemment, d'un Facebook, sont là pour montrer que les idées venues d'en bas ne sont pas nécessairement légères ou sans avenir. L'une des conditions de leur réussite est de leur donner les moyens de prospérer plutôt que de confisquer de trop rares ressources au profit de quelques grands groupes déjà établis.

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