TOUT EST DIT

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samedi 5 février 2011

Démocratie

Après moi le chaos. Moubarak n’est pas le premier à utiliser cette maxime que l’on attribue au général De Gaulle, après sa défaite au référendum de 1969. Il y a cependant une différence de taille entre le dictateur égyptien et le fondateur de la V e République française : le second a tiré les conclusions de son échec référendaire en prenant sa retraite. Moubarak, lui, utilise la peur du chaos – que ses nervis s’activent à provoquer – pour s’accrocher, coûte que coûte, au pouvoir. Ben Ali avait tenté la même manœuvre en Tunisie, au lendemain de sa fuite.

L’équation posée par les deux dictateurs est aussi simpliste que cynique : « C’est moi ou les islamistes. » Et il faut bien avouer que la peur d’une réédition d’un scénario « à l’iranienne » est présente. À Téhéran, la dictature pro-occidentale du shah a fait place, voici 32 ans, à la dictature des ayatollahs, qui n’est guère plus reluisante.

Il serait irresponsable de ne pas constater qu’en Égypte, en Tunisie, et dans tous les pays arabes où se produisent des mouvements de révolte, les extrémistes religieux infiltrent les manifestations. De là à justifier le maintien des dictatures « civiles », il y a un fossé… à ne pas franchir. Les peuples arabes vivent depuis la fin du colonialisme – qui était déjà une oppression – sous des régimes autoritaires et brutaux. Ils ne veulent plus continuer, et ils ont raison ! Personne n’a le droit de leur conseiller – comme on commence à l’entendre, de ci, de là – de s’accommoder d’une dictature laïque pour faire barrage à la charia. Le danger que les Frères musulmans fassent main basse sur l’Égypte sera d’autant plus grand que les aspirations à la liberté seront réprimées. Un courant d’air démocratique peut – aussi — faire souffler un vent mauvais. Mais fermer hermétiquement la porte à tout changement conduit beaucoup plus sûrement à la surchauffe et à l’explosion.

La voie est étroite entre la démocratie, dont la pratique est quasi inconnue dans les pays musulmans, et la dictature. En Tunisie et en Égypte, ils sont des centaines de milliers à vouloir tenter leur chance, sur le fil du rasoir. Les slogans des foules n’ont rien à voir avec ceux de 1979 à Téhéran, qui étaient exclusivement religieux. De Tunis au Caire, ils sont aujourd’hui politiques, pour la démocratie, et économiques, contre la vie chère. Le monde n’a d’autre choix que celui de faire confiance à la volonté d’émancipation de peuples trop longtemps soumis.

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