TOUT EST DIT

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samedi 9 août 2014

L’amateurisme de François Hollande sanctionné à Paris comme à Berlin

Alors que le Conseil constitutionnel vient de retoquer une des mesures phares du Pacte de responsabilité, la chancelière allemande Angela Merkel n’a pas même pas daigné répondre directement à la complainte française assurant que l’Allemagne était responsable de la faiblesse de la croissance en Europe.
Pas de trêve estivale pour François Hollande : dans son exil provisoire à la Lanterne, dans le parc de Versailles, et entre deux commémorations sur la grande guerre de 1914, il peut méditer sur le cafouillage de la politique française. Le Conseil constitutionnel vient une fois de plus, en retoquant une des mesures phares du Pacte de responsabilité concernant le volet social de mettre en cause la mauvaise pratique du pouvoir à jouer avec une des règles fondamentales en matière de fiscalité pour des raisons de basse politique intérieure.
Les Sages rappellent une fois de plus que le gouvernement revient sans cesse à la charge pour tourner les principes réaffirmés régulièrement par le Conseil, en raison de son obsession d’être accusé par sa gauche de favoriser les riches, si ces derniers venaient à bénéficier comme les plus modestes d’un abaissement  de la fiscalité. Pour maintenir l’équilibre précaire entre les fractions de sa majorité et les courants du PS, les sorciers de Bercy sont en effet appelés régulièrement à inventer de nouveaux stratagèmes susceptibles d’être à leur tour censurés et conduisant à un bricolage fiscal d’autant plus insupportable que les règles sont sans cesse modifiées.
Mais le second camouflet enregistré en une semaine par François Hollande est beaucoup plus humiliant parce qu’il émane d’Angela Merkel. Celle-ci n’a pas daigné répondre directement à la complainte française assurant que l’Allemagne, par sa fermeté, était responsable de la faiblesse de la croissance en Europe. Elle a chargé son porte-parole de préciser qu’il n’était nullement question pour Berlin d’apporter le moindre changement à une politique qui porte ses fruits outre-Rhin, alors que certains de ses partenaires manquent cruellement  de courage pour engager les réformes nécessaires à leur redressement. A la France de commencer par régler ses propres affaires et surtout de tenir les engagements pris depuis des années, sans cesse remis en cause en raison de l’absence de résultats. On est désabusé du côté allemand, car on sait bien que la démarche française est d’abord le signal que Paris va demander de nouveaux délais pour ramener sa dette dans les limites des 3% prévues par Bruxelles. Mais on ne veut pas faire un chèque en blanc à un gouvernement qui a perdu toute crédibilité, alors que la cote de popularité du Premier ministre s’effiloche pour glisser progressivement au niveau de celle du président.
La rentrée toute proche s’annonce particulièrement délicate, car le dispositif fiscal est en partie mis en pièces par le Conseil constitutionnel, alors que la moitié des économies annoncées dans le Pacte de responsabilité ne sont toujours pas précisées. Le pouvoir parle toujours de réformes, mais on sent bien qu’au niveau des différentes professions et lobbies de tous ordres, la résistance s’organise à tout changement, car l’idée qu’il puisse y avoir des gagnants et surtout des perdants est insupportable à la majorité de l’opinion. C’est ce qui justifie le slogan de François Hollande de vouloir calmer le jeu, en appliquant la vielle recette issue des moments les plus sombres de la Quatrième république selon laquelle "il n’y a pas de problème qu’une absence de solution ne puisse résoudre".

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