mercredi 19 février 2014
Braveheart !
Dans sept mois, en septembre prochain, l’Ecosse pourra choisir de quitter le Royaume-Uni et de retrouver son statut de nation libre. Il serait temps : elle est spoliée de ce statut depuis 307 ans !
Cette éventualité fait flipper le Premier ministre britannique David Cameron. Avec cet argument (qui devrait laisser de marbre les nationalistes écossais) que l’indépendance de l’Ecosse « ternirait l’image et le prestige du Royaume-Uni dans le monde » : « Si nous perdions l’Ecosse, nous nous couperions nous-mêmes l’herbe sous les pieds. Le constat, c’est que nous comptons plus aux yeux du monde ensemble. » C’est ce que disait déjà Londres, jadis, pour refuser à l’Irlande une indépendance que cette dernière dut arracher par la force…
Oscillant entre menaces et cajoleries, Cameron a encore déclaré : « Réfléchissez à ce que nous avons fait ensemble. »
C’est justement parce que de nombreux Ecossais y ont réfléchi qu’ils souhaitent passer à autre chose. Depuis longtemps.
Sans vouloir remonter à trop loin, il faut rappeler que la convoitise anglaise (anglo-normande à vrai dire) à l’égard de l’Ecosse remonte à Guillaume le Conquérant : en 1072, il envahit une partie de l’Ecosse jusqu’à l’embouchure du Tay.
Il faut des volumes et des volumes, qui existent d’ailleurs, pour recenser toutes les guerres anglo-écossaises. Quand Edouard Ier envahit l’Ecosse en 1296, il devra faire face à William Wallace et Andrew de Moray. Les troupes anglaises seront écrasées à la bataille de Stirling Bridge. Mais, trahi, Wallace sera capturé par les Anglais et exécuté.
A la mort d’Edouard Ier (1307), son fils Edouard II décide de mettre au pas les « rebelles ». Son armée est défaite à Bannockburn (1314). En 1320, le pape Jean XXII annule les divers traités de soumission des rois écossais envers les rois anglais. La souveraineté écossaise est dès lors reconnue par les puissances européennes.
En 1329, c’est Edouard III qui remet ça. L’Ecosse restera aux liens pendant trente ans. Et elle ne retrouvera son indépendance que parce que Edouard III a suffisamment à s’occuper avec la France (c’est le début de la guerre de Cent Ans).
Il nous faudrait évoquer aussi l’Auld Alliance (1) avec la France, Marie Ire, l’occupation féroce de l’Ecosse par Cromwell, le rétablissement de Charles II et l’Ecosse qui retrouve son indépendance et son parlement (avec frontière et douanes entre les deux pays), le Jacobitisme, Bonnie Prince Charlie (« le Roi au-delà de la mer » de Jean Raspail). Et encore le désastre de Culloden (16 avril 1746) et ses conséquences : interdiction du port du kilt et du tartan, interdiction de jouer de la cornemuse, exils forcés, déportation outre-mer des « rebelles ». Et les chars anglais pour soumettre Glasgow en 1919. Etc.
Cameron a pris des risques en lançant cet imprudent et impudent « Réfléchissez à tout ce que nous avons fait ensemble. » Il est temps que, comme l’Irlande dans la chanson Les Lacs du Connemara, les Ecossais disent non à la paix des Gallois et à celle des rois d’Angleterre. Et oui à Braveheart !
(1) Les attributions de l’Auld Alliance seront encore étendues en 1512 : tous les ressortissants de l’Ecosse deviennent également ressortissants français, et vice versa. Ce statut fut annulé par la France en 1903 (pour complaire aux Anglais). Pas par l’Ecosse.
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