samedi 5 février 2011
Quelle contestation ?
« Qui ne veut rien faire, trouve une excuse » dit un proverbe arabe en forme de parfaite illustration des propos de Souleimane, l'homme fort du pouvoir égyptien. Avec une maîtrise éhontée de la langue de bois et de la rhétorique du complot de l'étranger, le vice-président a évacué les affrontements sanglants en cours et noyé la contestation qui secoue le pays dans une invraisemblable bouillie sur les réformettes institutionnelles. Ajoutée aux excuses pitoyables du Premier ministre sur les événements de la nuit, la thèse surréaliste des éléments suspects infiltrés dans les manifestations ne laissait aucun doute sur l'intention du pouvoir d'instaurer une sorte d'état d'exception pour durcir le régime et demeurer en place.
Souleimane n'ignore pas que le compte à rebours est tendu pour tous les intervenants du conflit. Pour Moubarak d'abord qui n'aura pas d'autre choix que de quitter le pouvoir si la manifestation de cet après-midi rassemble autant de monde que celle de vendredi dernier. Encadrés par des policiers, ses partisans avaient bel et bien pour mission de créer le chaos, de déstabiliser le mouvement de contestation et d'installer un climat tellement violent qu'il devait inciter le régime à interdire les rassemblements d'aujourd'hui. Tout a été orchestré pour légitimer ainsi une intervention de l'armée.
Pour les anti-Moubarak et pour ceux qui aspirent au changement, le timing aussi est serré. Si les scènes de guerre civile se prolongent le raïs reprendra la main par la force et la répression. Temps compté enfin pour les États-Unis qui, à petits pas certes, sont allés loin dans leurs pressions pour faire partir Moubarak et ne peuvent plus accepter le statu quo.
La dictature en cherchant la confrontation signifie qu'elle ne lâchera rien. Pour se sauver Moubarak et les généraux savent que pour cela la place Tahrir doit être calme dans les heures qui viennent. À suivre la défense qu'en ont faite les pro-démocratie tout au long de la journée et de la nuit, il est certain qu'il n'en sera rien. Si l'armée ne respecte pas sa promesse de protéger le peuple, la confrontation sera grave et tuera les espoirs de changement. Moubarak est un vieux fou qui est prêt à un bain de sang pour la survie de son pouvoir.
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