TOUT EST DIT

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vendredi 16 octobre 2009

France Télévisions doit se mettre au régime

Dans un rapport corrosif, la Cour des comptes souligne qu'en contrepartie du soutien financier de l'État, le groupe audiovisuel français doit s'attaquer à deux gisements d'économie : l'information et les programmes.

C'est un rapport qui enfonce un coin dans la réforme de France Télévisions. Depuis l'adoption de la loi du 5 mars 2009 et la renégociation du plan d'affaires 2009-2012 entre le groupe audiovisuel public et l'État, tout semble sur les rails. Mais la Cour des comptes, dans un rapport de 222 pages intitulé «France Télévisions et la nouvelle télévision publique», demande que l'on aille plus loin dans les économies. «Aide-toi, l'État t'aidera», dit en substance le rapport.

Examinant la période 2005-2008, l'institution présidée par Philippe Séguin pointe «l'instabilité chronique du pilotage stratégique» qui fait de France Télévisions un groupe incohérent. La Cour questionne même la stratégie d'un «bouquet offensif» de cinq chaînes (France 2, France 3, France 4, France 5 et RFO). Aujourd'hui, France Télévisions est, selon le rapport, une «entreprise fragilisée» tout à la fois par la baisse de son audience de cinq points en quatre ans, par une situation financière préoccupante fin 2008 (perte de 138 millions d'euros sans prévision de retour à l'équilibre avant 2011) et par une refonte de ses missions et de son organisation.

Objectifs contradictoires

Selon la Cour, la réforme de 2009 n'a pas levé toutes les ambiguïtés. Avant, France Télévisions devait répondre à trois objectifs contradictoires : offrir des programmes différents de ceux du privé, augmenter son audience et soutenir la production audiovisuelle privée. Après, une contradiction demeure : il faut soutenir la production privée tout en trouvant un équilibre financier.

À l'examen des comptes, la Cour souligne que les dérives financières du groupe audiovisuel datent de 2007, soit avant l'annonce de l'arrêt de la publicité. Mais, depuis l'an­nonce du 8 janvier 2008, le trou s'est accentué. Certes, l'État a garanti une compensation financière du manque à gagner (150 millions d'euros en 2008, 450 millions en 2009 puis 650 millions après l'arrêt total de la publicité en 2012). Mais la Cour presse le groupe dirigé par Patrick de Carolis de tout faire pour accélérer le retour à l'équilibre. Elle a été en partie entendue puisque 70 des 100 millions d'euros de surplus publicitaires de 2009 resteront dans les caisses de France Télévisions.

Mais il reste encore deux gros gisements d'économie. «France Télévisions doit impérativement réaliser des synergies sur deux centres de coûts importants : l'information et les programmes.» Deux sujets pudiquement mis sous le boisseau par la réforme. Pour apaiser les tensions, les politiques ont décidé qu'il n'y aurait pas de fusion des rédactions. Or l'information représente un tiers du coût de grille (557 millions d'euros) et mobilise 45 % des effectifs du groupe, soit 4 987 équivalents temps plein selon les estimations de la Cour. Le tout pour une audience qui ne cesse de s'éroder. Sans préconiser la fusion des rédactions, la Cour recommande «d'étendre la mutualisation de l'information». L'autre sujet qui fâche est celui des programmes. Là encore, les politiques poussent France Télévisions à soutenir la création audiovisuelle. Mais la Cour souligne que ce système favorise plus les producteurs que France Télévisions. Le rapport pointe de graves lacunes dans l'analyse des devis des programmes, la transparence des achats et le contrôle des coûts.

» Le plan de départs à la loupe

» DOCUMENT - Le rapport de la cour des comptes

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