TOUT EST DIT

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vendredi 28 janvier 2011

La contradiction de Davos


Il y a un vrai consensus à Davos : ça ne peut plus continuer comme avant. Gouvernants, dirigeants d'entreprise et intellectuels rassemblés ici estiment tous qu'il faut bel et bien des « normes communes pour une nouvelle réalité », pour reprendre le titre général du Forum économique mondial. Cap sur le long terme ! Il fallait de nouvelles règles pour la finance après le formidable gâchis de 2008. Il faut améliorer la sécurité alimentaire, il serait criminel de ne pas avancer dans les négociations sur le climat et la raréfaction des ressources naturelles est notre prochain défi majeur. Et, surtout, aucun pays ne peut plus continuer à travailler dans son coin, comme l'ont dit, chacun à leur manière, des présidents aussi différents que le Russe Dimitri Medvedev, l'Indonésien Susilo Bambang Yudhoyono et le Français Nicolas Sarkozy. Le dernier siècle fut celui des nations, jusqu'à leurs affrontements mortels et répétés. Le nouveau siècle sera celui de la mondialisation, si souvent célébrée à Davos.


Seulement voilà : s'il y a convergence sur la fin, il n'y a pas le moindre accord sur les moyens, dès lors que l'on n'est plus dans l'urgence. Dans la finance, les banquiers expliquent que l'essentiel est fait et déploient toute leur force de persuasion pour expliquer que la prochaine crise viendra d'autres acteurs moins bien surveillés. En matière alimentaire, des pays comme la Russie et l'Ukraine ont bloqué leurs exportations l'an dernier. En matière climatique, les préparatifs de la conférence de Durban ne laissent pas plus espérer un succès triomphal que celles de Cancun ou de Copenhague.


Nicolas Sarkozy a touché la contradiction du doigt. Venu parler à Davos en tant que président du G8 et du G20, il a voulu avancer des solutions pragmatiques. Mais une solution est un changement. Elle lèse des intérêts à court terme. Pour financer les 120 milliards de dollars que les pays avancés se sont engagés à verser aux pays pauvres chaque année à partir de 2020 pour les aider à financer une économie plus verte, le président français a évoqué une taxation infinitésimale des transactions financières. Le message était inaudible pour la communauté réunie à Davos. Les pessimistes en tireront la conclusion que le G20 se dirige droit vers le « G0 », une expression forgée par l'universitaire américain Ian Bremmer pour qualifier un monde sans leardership. Les optimistes, eux, souligneront que les idées ont besoin d'être souvent répétées avant de se frayer un chemin dans la tête de chacun.

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