TOUT EST DIT

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vendredi 28 janvier 2011

Davos est au chevet de l’euro, malade de ses divisions. Et il y a du travail

Seules une gouvernance forte et des mesures réalistes sortiront la monnaie unique de sa crise
«En un an, nous avons réduit le déficit public de 6%, à 9,3%, en baissant les salaires de 15% et les retraites de 10%, et en augmentant la TVA de 4%. Et on nous pose toujours la même question: la Grèce fera-t-elle faillite?» Le premier ministre grec Georges Papandréou est légèrement désabusé envers «les marchés» et leur réaction intangible. Mais il reste déterminé à poursuivre le travail de réforme que ses prédécesseurs ont si longtemps ignoré. Imités par des acteurs européens bercés de crédits bon marché, ces dirigeants qui devaient garantir les bases contraignantes de la monnaie unique l’ont plongée dans une crise dont elle n’est pas encore totalement sortie.
Union plus que monétaire
La ferme profession de foi du président français Nicolas Sarkozy («Mme Merkel et moi ne laisserons jamais tomber l’euro»), hier à Davos, était utile, mais pas suffisante. Une réunion fermée, à l’heure du lunch, a confirmé l’acuité des débats, et montré vers quoi la relance de l’euro tend. De fait, tout tourne autour de la gouvernance des Etats membres, leur capacité à respecter les règles, et à mettre en place des réformes dures. Rainer Brüderle, ministre de l’Economie allemand, insiste: sans faire l’union politique, il faut rapprocher, par exemple, les âges de la retraite et les pratiques fiscales. Et toute aide doit être subordonnée à un plan d’action et à un calendrier stricts.
En substance, Georges Papaconstantinou, ministre grec des Finances, rappelle tous les efforts accomplis en un an par son gouvernement. Mais cela suffira-t-il pour ramener la dette à un niveau soutenable? Des discussions sont en cours pour prolonger la durée des prêts, alléger leur charge en intérêts, voire «restructurer» une part de la dette. Un participant argentin ironise: personne ne prononce le mot «défaut de paiements», mais tout le monde y pense. On envisage en coulisses que certaines tranches de dette ne soient jamais remboursées.
Il faut aussi pouvoir assumer les réformes: et tout le monde n’a pas la «chance» d’un gouvernement grec qui repose sur une majorité parlementaire et n’a pas d’échéance électorale avant quatre ans. Pourtant, attendre, ou se contenter de demi-mesures, coûte très cher. Il faut donc «dépasser l’idée de solidarité réciproque, et envisager de manière conjointe le règlement de la discipline fiscale, la recherche de croissance et la stabilité des institutions financières», explique un ministre européen.
Le ministre des Finances polonais Jacek Rostowski, observateur attentif, affirme qu’il faudra encore plus de liquidités que prévu. L’histoire montre que c’est toujours le cas. Beaucoup d’espoirs sont placés dans la Facilité européenne de stabilité financière (EFSF), mise sur pied en mai dernier lors du sauvetage de la Grèce, et dont la limite supérieure a été placée à 750 milliards d’euros. Le succès de sa première émission obligataire, souscrite neuf fois la mise, est encourageant.
Personne n’ose envisager la fin de l’euro, voire même la sortie d’un pays membre. Nicolas Sarkozy évoque des conséquences «cataclysmiques» et, pour les pays les plus fragiles, la seule perspective de devoir payer sa dette dans une monnaie dévaluée empêche toute velléité de quitter la monnaie unique.
«Pas de relâchement»
Celle-ci, du reste, a rempli son rôle, rappelle Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne: «L’Union monétaire garantit depuis douze ans à 331 millions de personnes une stabilité des prix (avec une inflation moyenne de 1,97%) jamais vécue en cinquante ans, et les experts pensent que cela va continuer.» Mais l’Europe devra s’attaquer à ses déséquilibres de croissance et de balance commerciale entre le nord (l’Allemagne en particulier) et la périphérie, pour pouvoir payer ses plans de relance. «Nous ne pouvons pas nous permettre de relâchement, conclut Trichet. La confiance est un concept complet, elle englobe les marchés (investisseurs, épargnants), les ménages et les entrepreneurs.» Et sans confiance, l’Europe perdra la partie.

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