TOUT EST DIT

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vendredi 28 janvier 2011

La révolution tunisienne embrase les rues égyptiennes

La contestation du pouvoir égyptien s’est amplifiée, et la journée d’aujourd’hui pourrait être cruciale pour l’avenir du régime du président Moubarak.

Le géant égyptien tremble sur ses bases. Les manifestations qui secouent la deuxième puissance économique africaine et l’un des poids lourds politiques du monde arabe se succèdent depuis le début de la semaine. Au Caire, comme dans plusieurs grandes villes du pays, les manifestants reprennent les slogans tunisiens et réclament plus de pain et davantage de démocratie.
Hier, les affrontements ont repris, de manière plus sporadique. Ils ont toutefois causé la mort d’un manifestant au nord du Sinaï. Les émeutiers ont aussi brûlé une caserne de pompiers à Suez. Ces manifestations faisaient suite aux violentes émeutes qui ont éclaté au Caire, ainsi qu’à Suez ou Alexandrie, mercredi. Les heurts entre manifestants et forces de l’ordre ont fait plusieurs dizaines de blessés. Contrairement à ce qui s’était passé mardi, on n’a déploré aucun mort, tant chez les manifestants que parmi les forces de l’ordre, massivement employées par le pouvoir.
Durant la journée d’hier, on a noté des échauffourées entre policiers et manifestants, mais les affrontements n’atteignaient cependant pas l’intensité des deux jours précédents.
De très nombreuses arrestations ont été effectuées à travers le pays. Des chiffres précis n’ont pas été communiqués, mais ils approcheraient les mille personnes, selon un responsable de la sécurité.

Appels à manifester aujourd’hui

Les opposants au président Moubarak ont surtout profité de la journée d’hier pour appeler à la mobilisation de leurs partisans aujourd’hui. Ce vendredi pourrait bien être une journée décisive. Les Égyptiens sont appelés à descendre massivement dans la rue après la grande prière de la mi-journée.
Le groupe contestataire le plus actif, intitulé « Mouvement du 6 avril », insiste d’autant plus sur la mobilisation qu’il craint que le pouvoir ne parvienne à bloquer les sites internet qui servent de relais dans la mobilisation des Égyptiens. Mais, quelles que soient leurs inquiétudes, les militants de ce groupe semblent décidés à aller jusqu’au bout de leur révolte. « Nous avons commencé et nous n’arrêterons pas » pouvait-on lire hier sur leur site internet.
Les manifestants ont reçu hier un renfort politique important, celui de Mohamed ElBaradei, l’ancien chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique. Cette forte personnalité égyptienne, que le monde a appris à connaître lors des enquêtes sur les capacités nucléaires irakiennes et iraniennes, est l’opposant démocratique le plus connu. Il a formé l’Association nationale pour le changement afin de marquer son opposition au régime du président Moubarak. Dans un message diffusé hier, Mohamed ElBaradei a déclaré : « Nous allons continuer à exercer notre droit à manifester pacifiquement pour retrouver notre liberté et notre dignité ». Selon lui, « la violence du régime va se retourner contre lui ». Mohamed ElBaradei est arrivé hier soir au Caire. Il a appelé à une transition pacifique tout en proposant d’être l’homme de cette transition.

Appel à respecter les libertés

Le régime égyptien se borne pour l’heure à envoyer les forces de l’ordre contre les manifestants. Le président Moubarak se tait alors qu’à l’étranger, les appels à la modération se multiplient. La France attend « des autorités et pouvoirs publics concernés que soient effectivement respectées les libertés publiques, notamment la liberté d’expression ». Les États-Unis et l’Union européenne ont envoyé des signaux similaires.
Le mandat présidentiel du président Moubarak se termine théoriquement à l’automne. Jusqu’à présent, il n’a pas fait savoir s’il comptait se représenter ou s’il laissait la place à son fils, hypothèse envisagée. Mais les mouvements de colère qui agitent le peuple égyptien rendent désormais extrêmement aléatoires les perspectives de cette élection, d’autant que les Égyptiens ne sont plus prêts à accepter le renouvellement des fraudes électorales massives comme par le passé.

 

 

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