jeudi 2 décembre 2010
Une France en lévitation
L e phénomène se confirme : la France se précipite vers la désindustrialisation. Selon des projections sectorielles récentes, aux horizons 2010-2015, le pays affichera un montant de créations nettes d'emplois de 650.000 - ce qui n'est pas en soi très alarmant -mais avec encore moins d'industrie. Ce solde net positif résulte en effet de mouvements contraires de créations (968.000) et de destructions (318.000). En augmentation, la rubrique composite des « services aux entreprises », les conseils et assistance, les services personnels et domestiques, la construction, l'hôtellerie ou la restauration… Tous ces secteurs sont, à divers titres, à l'abri de la concurrence internationale et peu générateurs d'exportations.
Ceux qui sont branchés sur l'économie internationale sont, en revanche, en régression. La liste en est signifiante : industries de biens d'équipement, métallurgie, industries chimiques, électriques et électroniques, textiles, automobiles… Tout se passe donc comme si les agents économiques et le pays tout entier se mettaient ensemble en lévitation, au-dessus ou plutôt à côté de la grande confrontation mondiale où se joue l'avenir. Certes, la France semble avoir tiré un moment avantage de cette étanchéité en ayant moins perdu d'emplois que ne le faisait craindre la crise. Mais, pour la même raison, sa croissance s'annonce durablement faible et peu créatrice d'emplois à moyen terme. Ces deux derniers traits confirment que l'espace français se déconnecte progressivement des opportunités extérieures. Il y trouve une forme de confort, mais dans la médiocrité. Il s'en rassure, mais dans la démission. Contrastes frappants : la consommation se maintient (à coups d'importations) et nos magazines sont constellés de publicités pour des autos ou des montres de luxe, également venues d'ailleurs et dont on se demande qui pourra les acheter… C'était notre rubrique : « Attention, nous ne sommes pas seuls au monde »…
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire