jeudi 2 décembre 2010
En rajouter une couche, toujours
L’âpre hiver fondait en avalanches/Après la plaine blanche, une autre plaine blanche.” Les chroniqueurs de l’autoroute, hier, empruntaient des accents hugoliens. Soudain, le trajet Lyon-Grenoble prend des airs de Bérézina. Et regagner Clermont-Ferrand semble une retraite de Russie.
À qui la faute ? Le père Hugo, lui, savait bien : “On était vaincu par sa conquête/Pour la première fois, l’aigle baissait la tête”. Là, c’est plutôt Bison futé qui pique du nez. Comme Napoléon, il cède face aux éléments hostiles. Le voici emporté, bientôt, dans un blizzard de reproches… Parce que l’émerveillement devant la carte postale ne dure guère. Passé l’instant de féerie, la neige énerve énormément.
Les grognards du régiment des camions haussent le ton. Ils se retrouvent 7 000, bloqués en Rhône-Alpes, à pester contre un injuste sort : “Aucune information, et rien à manger.” On supporte mieux l’intempérie que l’impéritie des pouvoirs publics.
Pas de sel sur la chaussée, ni dans la soupe, la colère gronde. Le routier s’indigne qu’un événement “prévu” puisse occasionner tant de désordres. Une “spécialité française”, prétend-il, que ce grand bazar au moindre épisode neigeux. Ailleurs, sous la poudreuse, l’herbe est plus verte. Chez nous, l’administration annonce le chaos puis s’en lave les mains. Qu’on vire au moins un préfet, quelque part, pour marquer le coup !
Ainsi, par tous les temps, le verbe “râler” conjugue l’identité nationale.
En rajouter une couche, toujours…
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