TOUT EST DIT

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jeudi 2 décembre 2010

Froid républicain

Enfin un sujet rassembleur ! Depuis 24 heures, les intempéries écrasent le reste de l'actualité. Devant cette offensive, même les tourments des socialistes et les pas de deux du président de la République sur sa - très certaine - candidature à la présidentielle, sont au congélateur pour quelque temps. Il a fallu les grands froids pour que la surchauffe politique baisse de quelques degrés. Les médias se ruent évidemment vers cette récréation aussi inattendue que distrayante. Vive le vent, vive le vent, vive le vent d'hiver, décidément, surtout quand il dissipe les lourdeurs étouffantes d'un climat politique devenu, sous l'effet du quinquennat, caniculaire toute l'année.
La neige, qui n'épargne aucun territoire, a cette vertu d'être parfaitement républicaine. Ni droite, ni gauche, elle vote toujours blanc, bien sûr. Cela ne l'empêche pas pour autant de susciter quelques polémiques pour faire grimper le thermomètre. Voilà, en effet, qu'on commence à ergoter - au choix - sur l'état d'impréparation du pays face à l'arrivée soudaine de la vague glaciale, sur la « pagaille » sur les routes, sur les trains en retard, les rendez-vous ratés, etc. Sans oublier les larmes de crocodile sur les sans-abri, éternelles victimes des impérities publiques que dénonçait déjà l'Abbé Pierre en 1954. La liste des repentances est connue, souvent inopérante, et révélatrice d'une vulnérabilité toujours surprenante devant le dérèglement des éléments.
Dans un de ces moments d'amnésie qui font son charme, la France semble redécouvrir qu'elle vit sous un régime tempéré qui autorise à son ciel un certain nombre d'écarts sans préavis. C'est encore trop pour une société qui réclame sans cesse des surprises mais déteste l'imprévu et se méfie comme de la peste de l'imprévisible, cet absent des logiciels du millénaire. Ces jours vraiment différents où, partout, la vie se ralentit, sont vécus comme autant d'incidents, très rarement, trop rarement, comme une opportunité de vivre autrement l'espace d'un bouleversement momentané de nos habitudes quotidiennes.
On ne dira pas si, pour l'occasion, la nouvelle ministre de l'Écologie et du Développement durable, a abandonné les talons aiguilles - qu'elle avait étrennés avec virtuosité le jour de la passation de pouvoir avec Jean-Louis Borloo - pour de confortables moonboots. Nathalie Kosciusko-Morizet s'inquiète-t-elle pour la conscience des Français devant l'inéluctable réchauffement de la planète ? Sûrement. Les températures polaires ont tout pour distraire nos esprits et nos perceptions de cette réalité dont la conférence de Cancun va rappeler les incontestables symptômes : fonte de la banquise arctique, des calottes glaciaires, des glaciers... Tiens, le gel n'est plus si détestable tout à coup.

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