TOUT EST DIT

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jeudi 2 décembre 2010

Un calendrier électoral piégé

Comme prévu, le changement gouvernemental aura donné le top départ de la présidentielle.

En dépit des cafouillages du remaniement et de l'impossibilité pour Nicolas Sarkozy de dire ses intentions, la droite se remet en ordre de marche. La gauche, motivée par la victoire, mais prisonnière du calendrier des primaires et de Dominique Strauss-Kahn, démarre dans la confusion. On ne s'élance pas sans risque dans un marathon politique - dix-huit mois, c'est long - au rythme d'un sprinteur. Dans un domaine où la maîtrise du temps compte tant, cette précipitation n'est pas anodine.

D'abord, parce que cette fébrilité sur la ligne de départ, une fois de plus, donne de la politique une image indécente. L'absence de programme validé par chaque formation laisse penser que les concurrents de 2012 se préoccupent de leur avenir personnel avant de se soucier de celui des Français.

Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et les écologistes vont se délecter de ce bal des ego. Ils ne pouvaient espérer meilleure illustration que ce culot de Ségolène Royal, dont on ne sait s'il faut le saluer ou s'en indigner, quand elle va jusqu'à imaginer faire de Dominique Strauss-Kahn son Premier ministre. La présidente de Poitou-Charentes, revenue dans le giron du parti, rompt le pacte de non-agression entre les ténors du parti. Mais pour quoi faire ?

Seconde observation, l'opération remise en ordre de la droite permet à Nicolas Sarkozy de rester maître du calendrier, de l'actualité, de ses rivaux et de troupes qui ne discutent pas sa suprématie. Les changements au gouvernement, à la tête de l'UMP et au groupe parlementaire ont donné le signal. Son recentrage sur l'UMP historique et l'adresse lancée à Jean-Louis Borloo pour les prochaines échéances prouvent que le chef de guerre mûrit sa stratégie. En campagne sans avoir besoin de le dire, le Président fixe le rythme.

C'est un atout considérable pour la droite qui dispose ainsi d'un candidat incontesté, d'une machine électorale et de bases programmatiques. Ce serait commettre une énorme erreur que d'« enterrer » Nicolas Sarkozy sur la base de sondages qui ne sont qu'une photographie du moment, pas celle de mai 2012. Ce contrôle du temps politique lui donne des mois d'avance sur les socialistes qui, sauf revirement de Martine Aubry, n'ont prévu de choisir leur candidat qu'en octobre 2011.

Car, troisième réflexion qu'inspire ce démarrage brouillon, les socialistes disposent, si on ose dire, d'un an pour se diviser ! On aurait pu penser que la perspective, cette fois bien réelle, de battre un exécutif affaibli, que l'envie de gagner des militants et que le travail de reconstruction du parti, les uniraient.

Au contraire, c'est parce que cette présidentielle est gagnable que chacun tente sa chance sur des bases idéologiques dont on aimerait connaître le socle commun. Et on ne le connaîtra pas, tant que les socialistes n'auront pas arbitré entre - ne citons que les principaux prétendants - Strauss-Kahn, Aubry, Royal et Hollande.

À cause de la lourdeur matérielle des primaires, qui ne peuvent pas être l'habillage d'un pacte conclu en catimini, la cacophonie ne fera que durer. Après un début de parcours assez réussi, Martine Aubry subira le calendrier et la machine à perdre repartira, tant que Dominique Strauss-Kahn n'aura pas parlé.

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