mardi 16 novembre 2010
Une question centrale
« Quand je donne une place, je fais un ingrat et cent mécontents. » La majorité aurait tort de se contenter de cette citation de Louis XIV pour relativiser les claquements de porte du week-end. Dans les mois à venir, la relation entre la droite et le centre sera, en effet, centrale.
La transformation du gouvernement en un commando resserré sur l'UMP est risquée. En reniant son pacte d'ouverture de 2007, Nicolas Sarkozy se voit contraint d'accepter certains dont il ne voulait plus et de se priver de certainsJean-Louis Borloo en tête qui portent les thèmes concernant tous les Français : la justice sociale, l'efficience fiscale, l'urgence écologique, la solidarité générationnelle.
Pour ces raisons, quatre ministres vont compter plus que les autres : Xavier Bertrand, pour renouer le contact avec les syndicats sur l'emploi des jeunes et des seniors; Roselyne Bachelot, pour financer la dépendance sans matraquer les classes moyennes; François Baroin, pour esquisser une fiscalité plus juste; Nathalie Kosciusko-Morizet, pour prolonger le Grenelle de l'environnement, mais sans hériter du volet énergie.
Sans être ignorés par l'UMP, ces sujets ont été plus souvent portés par ceux qui s'en vont. Jean-Louis Borloo proposait un Grenelle de la fiscalité. Les centristes ¯ de l'UMP, du Parti radical, du MoDem, de la Gauche moderne ou du Nouveau Centre ¯ se sont faits les avocats d'une vraie réforme des retraites. Ils réclament une fiscalité mieux répartie entre salaires et revenus du patrimoine pour financer la dépendance et l'environnement. Ils défendent une décentralisation plus pertinente et une gouvernance plus sobre.
Virage ou pas virage, la question est de savoir si les poids lourds du gouvernement et si le gaullisme social du Premier ministre sauront faire mentir le procès en droitisation qu'inspire le remaniement.
Mais la question est aussi importante de savoir si les socialistes seront capables, avant la fin des primaires, dans un an, d'offrir un programme alternatif crédible, compatible avec l'état des comptes publics et acceptable de Manuel Valls à Jean-Luc Mélenchon. Le fait que le PS ne tire pas profit de l'épisode des retraites est instructif et renforce l'impression que s'affrontent deux partis majoritaires affaiblis.
2012 se jouera largement entre les deux. La dynamique écologiste ¯ on l'a encore vu, le week-end dernier, à Lyon, lors de leur fusion en un parti unifié ¯ est une réalité. À défaut d'être unanimes, ils veulent sortir de la dualité simpliste gauche-droite. Et ils travaillent, pour la première fois, à un programme gouvernemental qui lie profits, inégalités, chômage, souffrance au travail et pillage des richesses.
L'autre clé est chez les centristes. Jean-Louis Borloo aura-t-il l'âme d'un mécano pour réconcilier des partis et des hommes qui disent la même chose en se détestant ? Ou sera-t-il le candidat fédérateur capable de mettre d'accord les acteurs d'un émiettement suicidaire et rapporter des voix à Nicolas Sarkozy?
Les écologistes, souvent très centristes, sont assez largement ceux qui peuvent faire gagner ou perdre la gauche en 2012. Et Jean-Louis Borloo, l'écologiste qui réunissait ses amis centristes hier soir, pourrait être celui qui peut faire perdre ou gagner Nicolas Sarkozy.
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