TOUT EST DIT

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mardi 16 novembre 2010

L'esquisse d'une défense européenne

L'accord récemment conclu entre Nicolas Sarkozy et David Cameron sur la coopération militaire nucléaire n'a pas supplanté, dans la rumeur médiatique, les supputations domestiques autour du remaniement ministériel. Il revêt néanmoins, selon les commentateurs compétents, « une importance historique » ou reflète « un niveau de confiance inégalé dans l'Histoire » entre deux nations. Il consacre en effet rien de moins qu'une mise en commun des moyens technologiques d'entretien des forces nucléaires et de certaines forces expéditionnaires mobilisables par les deux pays.

Pour Londres, c'est l'occasion de desserrer un peu sa dépendance jusqu'ici exclusive à l'égard du grand frère américain et de bénéficier de certaines technologies françaises. Pour Paris, c'est l'opportunité d'arrimer au continent la seule autre grande puissance militaire européenne, de compléter son engagement déjà pris dans la brigade franco-allemande et de se retrouver ainsi au centre d'un jeu de forces européen mieux équilibré. Pour les deux contractants, c'est enfin et surtout le moyen de rendre plus supportables, en les partageant, les lourdes charges d'une défense crédible. Sans cette mutualisation, le seuil dissuasif serait en effet réservé aux seules très grandes puissances. A l'incapacité avérée d'aboutir à l'institution d'une défense européenne, la capacité de défense de certains Européens peut servir de substitut.

Depuis 1948 et le traité de Bruxelles instituant l'Union de l'Europe occidentale (UEO), l'Europe n'a en effet jamais réussi qu'à piétiner sur sa défense. Après l'échec de la Communauté européenne de défense, en 1954, il a fallu attendre Maastricht pour conférer à l'UEO quelques compétences opérationnelles, Saint-Malo, Cologne puis Helsinki, en 1999, pour lever sur la défense commune les préventions britanniques et compléter les dispositions pratiques ; Nice, enfin, en 2000, pour poser les principes de la PESD (politique européenne de sécurité et de défense). Pour la première fois depuis soixante-deux ans, des Européens offrent ainsi à l'Europe de quoi tempérer le monopole du bouclier américain.

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