pour signifier qu'il reste seul maître en sa République après le peuple, Nicolas Sarkozy ne pouvait mieux faire, deux jours après avoir reconduit François Fillon à Matignon, que de lui délivrer publiquement sa nouvelle feuille de route, rendant les Français témoins de son autorité. C'est ainsi qu'il faut comprendre son intervention télévisée de ce soir, laquelle précédera d'une bonne semaine, comme par une marque supplémentaire de préséance, la déclaration de politique générale.
Pour signaler aux parlementaires qu'il demeure le vrai chef de la majorité présidentielle, le chef de l'Etat ne pouvait pas trouver meilleure idée que de les recevoir très vite. C'est ainsi qu'il faut interpréter le déjeuner organisé dès demain à l'Elysée avec les députés UMP. Ces deux gestes consécutifs au remaniement contredisent l'idée, intéressante mais fausse, d'un rééquilibrage des pouvoirs entre l'Elysée et Matignon.
Bien peu d'éléments permettent d'accréditer la thèse d'un président devenu prisonnier politique de son Premier ministre. Les élus de la majorité ont beau apprécier François Fillon, l'homme et le style, le « fillonisme » n'existe pas plus dans les esprits que les « fillonistes » au gouvernement - sans faire insulte à Roselyne Bachelot. C'est bien l'équipe la plus sarkozyste depuis 2007 qui s'est installée hier dans les ministères, tandis que, pour obtenir de diriger le parti présidentiel, Jean-François Copé a accepté de se mettre au service du chef de l'Etat. Loin d'annoncer un affaiblissement de l'autorité présidentielle, toute cette séquence du remaniement indique au contraire une volonté intacte de la part du chef de l'Etat de continuer à exercer son pouvoir pleinement. De ce point de vue, rien n'était plus confortable pour lui, surtout dans une année d'absences forcées pour cause de présidence du G20, que de reconduire un chef de gouvernement qui, comme bien d'autres « premiers » Premiers ministres (Pierre Mauroy, Alain Juppé…) se sont inscrits dans une relation de sujétion au chef de l'Etat.
Plus encore que la nature présidentialiste du quinquennat, la pratique effacée du pouvoir par François Fillon depuis trois ans, et plus encore sa profonde convergence de vues avec le chef de l'Etat sur la politique économique et sociale ne plaident pas en faveur d'un retour au classicisme. Le temps de l'hyper Premier ministre n'est pas venu. Tant mieux pour la cohérence retrouvée de notre fonctionnement institutionnel.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire