TOUT EST DIT

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mardi 16 novembre 2010

Doute existentiel


Cette fois, ils ne savent plus vraiment où ils habitent. Ils se sentent un peu comme des étrangers dans cette maison UMP qui leur avait promis, en 2002, de les considérer à égalité avec leurs frères et sœurs du RPR. Dans ce moment de vérité, où on ne leur a pas laissé prendre toute leur place, ils ont le sentiment d'être exclus du premier cercle de la famille. Celui qui compte. Celui où la confiance efface les différences. Le rejet - ou le non-choix - de leur champion les a plongés brutalement dans une sorte de doute existentiel. Qui sommes-nous ? Où sommes-nous ? A quoi servons-nous ?
Oui, depuis dimanche, les centristes sont perdus. Ils font peine à voir tant leur désarroi met en évidence les failles profondes qu'ils avaient cru pouvoir dissimuler, y compris à eux-mêmes. Ce n'est pas ce remaniement, dont ils sont les perdants, qui crée leur crise d'identité. C'est leur déficit d'identité qui a créé leur faiblesse au gouvernement et jusque dans la mécanique du remaniement.
Le départ de Jean-Louis Borloo ne leur ouvre pas forcément les portes de l'émancipation. Ont-ils vraiment envie d'affronter le Président ? Rien n'est moins sûr. A vrai dire, ils n'en ont plus vraiment les moyens parce qu'ils n'ont plus de repères politiques pour s'affranchir de la tutelle élyséenne. Plus suffisamment de forces.
Pour le sursaut, c'est trop tard ! Les hommes et les femmes du Nouveau Centre s'étaient installés depuis trop longtemps dans un rôle de supplétifs. A la longue, ils se sont habitués à accepter des méthodes, des valeurs et des priorités qui n'étaient pas les leurs, au nom d'une honorable solidarité gouvernementale. Attentifs à ne pas détonner, ils ont fini par réfréner leurs élans, leur énergie et leur âme. Difficile aujourd'hui de ranimer d'un craquement d'allumette une flamme systématiquement étouffée...
Ce centrisme humaniste et social que le ministre de l'Écologie rêvait de faire entrer à Matignon reste un concept flou qui n'a pas réussi à faire distinguer sa couleur et son relief dans le patchwork pragmatique et évolutif de Nicolas Sarkozy. En tout cas, Borloo et ses amis de l'ouverture n'ont pas voulu l'incarner au-delà de quelques particularités individuelles de style et de comportement. Attendaient-ils d'être en situation pour le mettre en oeuvre ? Mieux aurait-il fallu avoir, beaucoup plus tôt, l'audace de se battre pour imposer leur spécificité et faire vivre concrètement la diversité des sensibilités et des humeurs au sein même de l'équipe au pouvoir. Faute de quoi, leur défaite donne implicitement raison à ce François Bayrou dont ils avaient récusé la stratégie d'indépendance et qui aujourd'hui trouve une occasion inespérée de récupérer pour 2012 une partie de la mise enfuie de 2007.

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