Il ne sert à rien de s'enfermer dans le déni. Lors de la crise grecque, on s'en souvient, l'Europe, par principe et par fierté, avait commencé par refuser l'aide du FMI - dont elle avait pourtant réclamé et obtenu le doublement des ressources lors du G20 de Londres -, puis exclu toute restructuration de la dette d'un de ses Etats membres, ce cas de figure étant implicitement réservé aux pays émergents.
Au lieu de cela, donc, l'Europe a mis en place pour ses « maillons faibles » un plan censé gagner du temps et calmer les marchés. Or ce plan a déjà partiellement échoué : les marchés financiers ne se sont calmés que quelques mois et le temps va bientôt manquer aux pays dits « périphériques » de la zone euro que sont la Grèce, l'Irlande ou le Portugal pour se refinancer dans des conditions acceptables.
Ce plan européen, rappelons-le, repose sur deux piliers. D'une part, un fonds de sauvetage de 750 milliards d'euros qui doit permettre à ces pays d'obtenir des financements sans faire appel directement aux marchés. Et, d'autre part, l'engagement de ces Etats de redresser très vite leurs comptes publics, puisque le mécanisme d'aide doit expirer mi-2013. D'où des programmes d'austérité d'une extraordinaire sévérité en Grèce ou en Irlande. C'est ainsi que le déficit budgétaire irlandais doit être ramené de 32 % du PIB aujourd'hui à 3 % en 2014. De même, celui de la Grèce, qui atteint 15 %, doit être réduit de plus de 10 points de PIB sur la période.
Ces efforts sont certes souhaitables, mais ils sont irréalistes sur une période d'à peine plus de deux ans. Un cocktail aussi brutal de récession, de baisse des salaires et des pensions, et de licenciements massifs serait pire que le mal. On l'a vu dans les pays émergents, confrontés jadis aux mêmes problématiques de surendettement.
L'excès de dette ne peut que déboucher un jour ou l'autre sur le défaut de paiement ou sur une restructuration profonde. L'Europe a refusé de l'admettre jusqu'ici. C'était une erreur. Si les pays les plus solides continuent à garantir la dette des plus faibles ou à exiger d'eux des efforts que l'on sait impossibles, ils risquent d'être eux-mêmes contaminés par la crise de la dette. Nous y sommes presque. C'est pourquoi il est urgent de mettre en place un mécanisme de restructuration « ordonnée » de la dette des pays les plus vulnérables - en clair un étalement des échéances s'accompagnant d'un effort des créanciers. Il faut sortir du déni.
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