TOUT EST DIT

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vendredi 26 novembre 2010

Paris doit parler plus, Berlin moins

Plus de 7.000 euros le mètre carré ! L'immobilier bat tous ses records à Paris, où un simple WC coûte désormais le prix d'une Renault Clio. Cette flambée est folle. Ramenés aux loyers ou aux revenus, les prix à la vente dépassent largement les tendances de long terme. Ce n'est pas tenable. La folie ne peut pas s'expliquer par la seule pénurie, brandie à l'envi par les professionnels du secteur, tous intéressés à la montée des prix, qui arrondit leurs commissions. Paris manquait déjà cruellement de logements dans les années 1990, quand les prix ont baissé de près de 40 % ! Elle a au moins deux autres explications, qui reflètent la pagaille présente des marchés financiers. D'abord l'effet refuge. Paris est à l'immobilier français ce que l'or est aux marchés mondiaux de matières premières : un produit à la fois rare et très visible. Dans un monde financier où tous les repères disparaissent, comme dans un tremblement de terre, beaucoup d'investisseurs se raccrochent à l'or et à la pierre. Ils sont prêts à payer de plus en plus cher, dès lors qu'ils font leurs achats sur des places qui n'ont pas été trop vérolées par les excès des années passées. Ensuite l'effet taux d'intérêt. Achat de long terme, l'immobilier se finance à des taux d'intérêt à long terme. Or ces taux sont actuellement au plus bas. Les acquéreurs peuvent espérer emprunter à moins de 3 % sur quinze ans. Un niveau très bas, qui reflète la fantastique déformation des marchés financiers à l'oeuvre. Les investisseurs achètent massivement des obligations, convaincus que c'est le seul produit financier capable de résister à la tourmente. Les dirigeants des Etats font tout pour renforcer cette conviction qui conditionne leur possibilité de lever les centaines de milliards d'euros nécessaires à leur survie financière. En Europe, ils sont ainsi venus au secours de la Grèce, puis de l'Irlande. Mais ceux qui dépendent le moins des créanciers, comme l'Allemagne, commencent à se poser des questions. En attendant, les achats massifs d'obligations font baisser les taux d'intérêt. Cette baisse exerce fatalement des effets pervers - dont la flambée de l'immobilier parisien n'est que le plus visible.

Pour les gouvernants locaux et nationaux, cette situation est redoutable. Elle chasse de la capitale les ménages modestes, les classes moyennes et aussi les étudiants ou les chercheurs étrangers qui pourraient être attirés par la France. Elle risque de rendre la ville aussi joyeuse qu'une salle de coffres-forts. Et dès que les taux d'intérêt remonteront, les prix vont dévisser. Beaucoup de professionnels le disent d'ailleurs. Le marché va alors se gripper, sevrant Paris de plusieurs centaines de millions d'euros de droits de mutation. Même si la ville continuera alors de manquer de logements.

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