TOUT EST DIT

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vendredi 26 novembre 2010

Le président et le terrain


En ouvrant le 93 e Congrès des maires de France, Nicolas Sarkozy a tenté d'amorcer sa réconciliation avec ces élus. Elle était devenue indispensable depuis que son Premier ministre y avait essuyé à sa place une bronca, dont il ne s'était d'ailleurs pas trop mal sorti. Et d'autant plus urgente que se profilent des cantonales, lesquelles influeront ensuite sur la future composition du Sénat. Sous cet angle politique classique, l'invité des maires a fait ce qu'il fallait, et dans la tradition. Comment en effet ne pas être approuvé par cet auditoire lorsqu'on proclame qu' « il n'y a pas trop de communes en France », symboles du « savoir-vivre à la française » ou qu'on demande « le respect pour ceux qui ont eu le courage de se présenter devant le suffrage universel » (Villepin appréciera) ? Mais l'enjeu va bien au-delà. Le président a en effet engagé une série de réformes qui dérangent le paysage familier : la réorganisation des cartes judiciaire, militaire ou hospitalière déplace les marques des acteurs locaux. La réforme territoriale, avec son « conseiller territorial », bouscule les repères des candidats aux conseils généraux ou régionaux. La suppression de la taxe professionnelle inspire des craintes sur ses ressources de substitution… C'était le lieu de se présenter, même chargé de tous ces soupçons, devant les seuls élus locaux dont la fonction n'était pas menacée. Leur privilège de « compétence générale » a au contraire été réaffirmé, alors qu'il est en cause pour les départements, et on promet de faire le ménage dans le fatras de normes administratives qui les étouffent. Sur ces points, le président a même recueilli quelques applaudissements, ce qui était bien le but. Il en aurait sans doute reçu davantage s'il avait déclaré abandonner ses réformes, car elles déstabilisent les habitudes. Ses adversaires sur le terrain seront bien obligés de lui reconnaître, en tout cas, le courage de les poursuivre.

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